N° 1651 du Canard Enchaîné – 11 Juin 1952
N° 1651 du Canard Enchaîné – 11 Juin 1952
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Dans l’article intitulé « Le Figaro et l’Aurore décident de faire quelque chose pour l’ouvrier », publié dans Le Canard enchaîné du 11 juin 1952, R. Tréno manie l’ironie mordante pour dénoncer les postures paternalistes des grands journaux conservateurs, Le Figaro et L’Aurore, vis-à-vis de la classe ouvrière.
L’article s’ouvre sur une critique acerbe du rôle supposé bienveillant que ces journaux prétendent jouer dans les luttes sociales. Tréno s’attarde sur l’affaire Jacques Duclos, où ces publications se retrouvent à défendre les intérêts des travailleurs, une posture inhabituelle pour des organes de presse historiquement proches des élites. L’auteur souligne avec sarcasme leur soudaine préoccupation pour les ouvriers de Renault, mettant en scène cette prise de position comme une opération de communication plus qu’un véritable engagement.
La caricature est omniprésente. Tréno décrit Le Figaro et L’Aurore comme des distributeurs de « bonne soupe » symbolique, utilisant des « marmites idéologiques » pour tenter de nourrir les revendications ouvrières. À travers ce portrait burlesque, il souligne le décalage entre le discours des journaux et la réalité des luttes sociales. L’allusion à des « passe-montagnes » distribués pour les travailleurs illustre l’hypocrisie d’une aide superficielle et instrumentalisée.
Tréno n’épargne pas les figures emblématiques de ces journaux. Il pointe du doigt la connivence de leurs directeurs/rédacteurs, François Mauriac et Robert Lazurick, qu’il accuse implicitement de se servir de la cause ouvrière pour légitimer leurs propres intérêts. Cette émulation entre Le Figaro et L’Aurore, présentée comme un concours de charité sociale, est tournée en ridicule, l’auteur insinuant qu’il ne s’agit que d’une course au prestige médiatique.
L’article se termine sur une note amère, évoquant l’organisation de « galas » pour les ouvriers, une autre manifestation de ce que Tréno perçoit comme un paternalisme dédaigneux et une tentative de stabilisation sociale orchestrée par l’élite économique et politique. La mention de « M. Pinay » et de la « tranche des travailleurs » renforce cette critique, soulignant les mesures politiques perçues comme cosmétiques face aux véritables revendications populaires.
Avec cet article, R. Tréno illustre parfaitement la tonalité satirique et engagée du Canard enchaîné des années 1950, qui n’hésitait pas à mettre en lumière les contradictions et les hypocrisies des institutions médiatiques et politiques de l’époque.
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