N° 1666 du Canard Enchaîné – 24 Septembre 1952
N° 1666 du Canard Enchaîné – 24 Septembre 1952
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Objection de conscience de Morvan Lebesque, publié dans Le Canard enchaîné le 24 septembre 1952.
Sous un titre qui annonce d’emblée la posture personnelle adoptée par l’auteur, Morvan Lebesque signe ici une déclaration profondément engagée, à mi-chemin entre réflexion morale et pamphlet politique. Loin des artifices humoristiques que l’on pourrait attendre d’un article publié dans Le Canard enchaîné, l’auteur revendique une position claire et réfléchie contre la guerre froide et ses conséquences.
Lebesque commence par rejeter à la fois le modèle soviétique et le modèle américain, incarnations pour lui de deux civilisations désincarnées et moralement suspectes. Il fustige la brutalité de l’URSS, ses purges staliniennes, et sa tendance à « coloniser les esprits ». Mais il n’épargne pas non plus les États-Unis, dénonçant une société consumériste et hypocrite qu’il ne veut ni défendre ni combattre.
La pièce maîtresse de cet article réside dans la défense passionnée de Charlie Chaplin, symbole pour Lebesque d’une humanité sincère, drôle et solidaire. Le rejet de Chaplin par l’Amérique, sur fond de maccarthysme, est vécu comme une trahison de l’idéalisme américain. L’acteur devient alors le dernier bastion de la liberté et de l’esprit critique face à l’aveuglement idéologique des deux superpuissances.
Dans un style caractéristique de l’écrivain, Lebesque enchaîne une série de questions qui incarnent son indignation. Les références foisonnent : Rita Hayworth, Tarzan, le Reader’s Digest, Coca-Cola ou encore la télé américaine symbolisent une société américanisée qu’il juge grotesque et aliénante. Il dénonce la superficialité, l’obsession du profit et l’absence de valeurs véritables.
À travers ce texte, Lebesque exhorte à un refus collectif de prendre part à la mascarade idéologique et militaire qu’est la guerre froide. Il appelle à préserver une certaine idée de la liberté et de la dignité humaine, en s’opposant aux injonctions des deux camps.
L’article est remarquable par son intensité émotionnelle et son équilibre entre ironie légère et gravité. Lebesque montre ici sa capacité à mêler des références culturelles, une analyse politique et une profonde réflexion morale. Son hommage à Chaplin dépasse l’individu pour incarner une prise de position universelle en faveur de la liberté, de l’indépendance d’esprit et du refus des oppressions, quelles qu’elles soient.
Un texte puissant, qui résonne encore aujourd’hui par sa défense d’une humanité commune face aux dogmes et aux extrêmes.
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