N° 1673 du Canard Enchaîné – 12 Novembre 1952
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La grande croisade des gens vertueux – Morvan Lebesque s’attaque ici aux élans moralisateurs qu’il observe dans la société, en prenant comme point de départ l’élection d’Eisenhower à la présidence des États-Unis. Il qualifie ce dernier de « vertueux », « fidèle », et même de « Bon-Prêche d’Amérique », pour mieux souligner l’absurdité qu’il perçoit dans les discours moralistes. Son ironie s’intensifie lorsqu’il juxtapose cette élection avec un tract de l’« Union Internationale pour la Protection de la Moralité Publique », dont il cite des passages révélateurs.
Cette union prétend lutter contre les « abus de libertés », définis selon une interprétation rigide de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Lebesque se moque de cette association qui, sous prétexte de défendre la moralité, vise à restreindre les libertés individuelles, notamment en imposant des « mesures particulières » contre tout ce qui pourrait choquer les bonnes mœurs.
L’auteur fait alors le lien avec d’autres exemples historiques d’hypocrisie morale, comme l’interdiction du « Diable et le Bon Dieu » de Sartre à Strasbourg ou la censure de Balzac à Montréal. Il fustige une morale qu’il juge punitive, hypocrite et complice des abus de pouvoir. Son propos culmine dans une dénonciation des moralistes qu’il appelle « Tartuffe modernes », qui, à ses yeux, agissent moins par vertu que par conformisme et mépris de la liberté.
Enfin, dans une pirouette caractéristique, Lebesque retourne à Eisenhower, qu’il dépeint comme un homme du peuple — amateur de chansons paillardes et de boissons fortes — bien éloigné des idéaux austères que ses soutiens moralistes semblent lui prêter.
Ce texte est une critique acerbe de toute tentative d’imposer une morale unique à une société complexe, ainsi qu’une défense des libertés fondamentales contre l’hypocrisie institutionnalisée. Avec sa plume acérée, Morvan Lebesque jongle entre sarcasme et analyse politique pour dénoncer un monde où la vertu, trop souvent, devient un prétexte à l’oppression.
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