N° 1676 du Canard Enchaîné – 3 Décembre 1952
N° 1676 du Canard Enchaîné – 3 Décembre 1952
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Ceci n’est pas un conte – Par Morvan Lebesque – Le Canard enchaîné, 3 décembre 1952 – Morvan Lebesque ouvre son texte avec une parabole saisissante : trois suppliciés se présentent aux portes du Paradis. Une femme mutilée pour sa beauté, un homme noir brûlé vif en Californie, et un citoyen de Prague pendu pour trahison imaginaire. Tous trois se tiennent sur le seuil, hésitant à entrer, portant le poids de leurs supplices.
La femme, première à parler, raconte comment elle a été accusée à tort de sorcellerie pour avoir repoussé les avances d’un abbé. Contrairement aux témoignages mensongers qui l’ont condamnée, elle affirme son innocence : « Dyieu sait bien que j’estois innocente. »
Le deuxième, le noir californien, évoque son lynchage pour avoir osé saluer une femme blanche dans une église. Sa voix, entre ironie et désespoir, dénonce l’hypocrisie des blancs qui l’ont jugé coupable de sa simple existence.
Le citoyen de Prague, enfin, rappelle son amitié avec Duchosof, un ministre bolchevik déchu. Accusé de complot, il affirme avoir été sacrifié sur l’autel des purges politiques. Dans son récit, l’absurdité et l’horreur du totalitarisme transparaissent crûment.
Les trois répètent en chœur : « Innocent, innocent, innocent. » Pourtant, aux portes du Paradis, un doute subsiste : et si la culpabilité résidait en eux, malgré tout ? Une lumière apparaît alors au bout d’un tunnel, révélant une vérité crue et insoutenable.
Dans une conclusion amère, les trois suppliciés descendent résignés vers « le chemin d’En-Bas », acceptant leur sort de damnés, tandis qu’une ironie féroce éclaire le texte de Lebesque.
Avec une puissance narrative remarquable, cet article dépasse l’exercice stylistique pour offrir une réflexion profonde sur l’injustice, l’arbitraire et les zones d’ombre de la culpabilité humaine. Lebesque, en puisant dans ces trois destins tragiques, révèle l’absurdité des persécutions religieuses, raciales et politiques.
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