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N° 1695 du Canard Enchaîné – 15 Avril 1953

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On a volé les plans secrets de la super-paix

Le Canard enchaîné du 15 avril 1953 s’amuse d’une Amérique terrorisée par… la paix elle-même. Dans un article étincelant, Gabriel Macé raconte comment Washington sombre dans la panique après la “fuite” de prétendus plans de “super-paix”. McCarthy s’énerve, Foster Dulles piétine, le FBI arrête des faux espions, et le Congrès s’alarme comme si la détente était une attaque nucléaire. À travers cette parodie très documentée, Macé démonte avec précision une époque où la paix fait autant trembler que la guerre froide — et révèle, en creux, l’absurdité d’un monde qui préférait la peur au bon sens.

Vincent Auriol – Jacques Soustelle – Van Fleet, Eisenhower – Etats-tampons – Paix en Corée – URSS – USA – Aragon ou le luth final – Cinéma: La croisette, nous voilà !... –

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“On a volé les plans secrets de la super-paix” : quand Gabriel Macé démonte la folie sécuritaire de la guerre froide

Un monde obsédé par ses propres fantasmes

À la page 3 du Canard enchaîné du 15 avril 1953, Gabriel Macé poursuit, avec une précision chirurgicale, la veine satirique ouverte la semaine précédente : si Lacroix annonçait la “Troisième paix mondiale”, Macé chronique la panique qui s’empare de Washington après la “fuite” de plans… de paix. Aux États-Unis, où le maccarthysme bat son plein, tout devient motif à suspicion, et l’idée même de détente est un objet explosif. L’ironie du titre — « On a volé les plans secrets de la ‘super-paix’ » — repose sur un renversement rafraîchissant : à Washington, on protège la paix avec le même blindage que l’arme atomique.

Le climat : Staline est mort, et le monde ne sait pas comment respirer

Nous sommes un peu plus d’un mois après la mort de Staline (5 mars 1953). À Moscou, la lutte de succession commence. À Washington, les faucons se raidissent. À Paris, on scrute chaque bulletin de l’agence Tass. La guerre de Corée s’enlise, mais des signaux contradictoires circulent : les Russes parlent de cessez-le-feu, les Chinois murmurent, les Américains s'inquiètent. La moindre détente est suspecte.

C’est ce trouble que Macé exploite. Il caricature, mais sans déformer la réalité : à l’époque, au Congrès, la possibilité même d’une initiative pacifique soviétique est reçue comme une manœuvre malveillante. La paix est perçue comme un piège, un cheval de Troie, une subversion.

La “fuite” : paranoïa bureaucratique et réflexes pavloviens

Macé commence par décrire l’émotion au Congrès américain après la publication, par plusieurs journaux, de détails techniques sur des “plans de paix”. Parodie transparente de la presse de Washington, il évoque un Département d’État qui “prend toutes les mesures nécessaires pour empêcher que les plans ne tombent aux mains des Russes” — comme si la paix pouvait être “volée”, anticipée ou reproduite en usine.

Le texte prend toute sa force lorsque l’auteur convoque les acteurs réels du cirque politique américain : John Foster Dulles, secrétaire d'État et anticommuniste de principe ; Joseph McCarthy, sénateur inquisitorial qui voit des traîtres jusque dans les crayons des sténographes. Macé note, pince-sans-rire, que McCarthy “a demandé que les journalistes incriminés soient poursuivis pour ‘divulgation de documents intéressant la Détente nationale’”. Formule brillante : elle renverse la “Sécurité nationale” en “Détente nationale”, révélant le ridicule d’un système qui traque la paix comme d’autres traquent l’espionnage.

Le vaste réseau d’espionnage : une Amérique assiégée par ses propres ombres

Macé développe ensuite une galerie de faux espions arrêtés “à Québec”, “à la frontière mexicaine”, “à la sortie d’un cinéma de Times Square”, tous porteurs de documents aussi invraisemblables que compromettants. L’auteur décrit même, avec délice, les plans du “Mig 89”… qui s’avère être une bicyclette chinoise vendue en série. La caricature repose sur une vérité essentielle : les services américains de l’époque voient des réseaux soviétiques partout, jusque dans les clubs de pêche sous glace.

Cette partie de l’article est une leçon en matière de satire : plutôt que d’attaquer frontalement, Macé se contente d’aligner les absurdités, de laisser la paranoïa parler d’elle-même. L’effet est d’autant plus fort que la folie maccarthyste, en 1953, n’a pas encore atteint son point culminant. Le lecteur contemporain du Canard n’est pas dupe : il reconnaît dans cette avalanche de “fuites”, “informateurs” et “réseaux” la mécanique très réelle d’un pays où la peur sert d’outil politique.

La “Super-Paix” : une arme plus dangereuse que la bombe

Le summum du texte arrive lorsqu’il évoque les expérimentations américaines de “Super-Paix” dans le désert du Nevada, présentées comme des essais quasi nucléaires “dont les résultats avaient dépassé toutes les espérances”. L’image de joyeux chercheurs qu’on voit courir parmi des nuées de pétales de roses suffirait à elle seule à moquer l’imaginaire militaro-scientifique américain, pour qui toute innovation — même pacifique — doit être testée dans un paysage de bombe atomique.

La chute, comme souvent chez Macé, se fait sèche : le Congrès, apprenant que les documents fuités étaient faux, “respire”. Les États-Unis ne sont donc pas menacés par la paix — soulagement général.

Ce dernier trait est peut-être le plus acide du texte : dans l’Amérique de 1953, la paix fait peur.

Un Canard qui prend sa place dans le débat mondial

À travers son humour, Macé livre une critique serrée de la diplomatie américaine et de la logique binaire de la guerre froide. Le texte ne s’oppose pas à l’Amérique ; il s’oppose au dogme, à l’hystérie, à la peur érigée en système. Il rappelle — sans le dire — que la paix, ce mot galvaudé, demande du courage, pas du blindage.