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N° 1698 du Canard Enchaîné – 6 Mai 1953

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Sur le front de Corée, les soldats vendent chèrement leur vie (100 dollars pièce)

En une du Canard du 6 mai 1953, J.-P. Lacroix transforme la guerre de Corée en gigantesque salle des ventes. Soldats tarifés, colonels mis en liquidation, divisions achetées aux enchères, Marseillaise réécrite façon solde militaire : tout devient monnaie. Dans un monde épuisé où les pourparlers d’armistice piétinent, Lacroix démonte la logique comptable des états-majors qui évaluent une vie pour quelques dollars. Un pamphlet féroce, lucide, où l’absurdité totale de la guerre moderne apparaît dans un dernier trait : la seule poche qui résiste encore est celle… qui refuse d’être comptabilisée.

 

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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

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« Sur le front de Corée, les soldats vendent chèrement leur vie (100 dollars pièce) » : J.-P. Lacroix démonte la guerre au comptant

Printemps 1953 : la guerre de Corée touche à sa fin… et le Canard passe à la caisse

En une du Canard enchaîné du 6 mai 1953, J.-P. Lacroix signe l’un de ces textes dont le journal a le secret : un reportage satirique fictif sur la guerre de Corée où les combats ont été transformés en enchères publiques. L’idée est simple — et d’une férocité remarquable : puisque le conflit s’éternise, pourquoi ne pas pousser la logique cynique jusqu’à vendre, littéralement, les soldats ennemis comme autant de produits de marché ?

Le décor est le suivant : la guerre entre dans sa troisième année, les pourparlers d’armistice piétinent à Panmunjom, les deux camps s’épuisent, et les morts s’accumulent sans que personne ne comprenne encore ce que signifie “victoire”. Pour Lacroix, cette absurdité nourrit un terrain parfait pour transformer la guerre en bourse à ciel ouvert.

La « prime de capture » : quand Washington met un prix sur la tête du soldat

Dès l’attaque, Lacroix cite — en les exagérant à peine — les communiqués américains : 100 000 dollars pour le premier pilote sino-coréen livrant intact un Mig. Ce type de prime a réellement existé dans l’armée américaine, même si les montants n’avaient bien sûr rien de tel. Le Canard exploite le principe : l’économie devient la continuation de la guerre par d’autres moyens.

Lacroix pousse la logique plus loin : Washington envisagerait de payer 35 000 dollars à tout ennemi acceptant la désertion. Les soldats deviennent des produits dérivés. Les divisions se paient “aux enchères américaines”. À force d’achats massifs, “les U.S.A. pourront s’offrir toute l’armée ennemie pour 100 millions de dollars”. Tout le texte repose sur cette idée centrale : si la guerre est un marché, alors les morts deviennent des investissements.

Le barème de la guerre : tarifs officiels et liquidation totale

Le cœur du texte réside dans le « Barème des prix ». On y lit, comme dans un catalogue Manufrance :

* Soldat 2e classe : 100 dollars
* Sergent : 20 dollars
* Colonel : 1 dollar
* Maréchal : “40 deniers”
* Mao Tse-Toung : “À débattre”

L’ironie est cinglante : plus un homme a de responsabilités, plus son prix baisse. Le colonel vaut moins que son propre képi, le maréchal redevient un Judas à 40 deniers, Mao est ramené au statut d’article de brocante. Lacroix met à nu la logique meurtrière de l’état-major : la vie humaine ne vaut rien, mais le symbole politique vaut encore moins.

À côté, les dessins de F. Lap accompagnent le texte comme des éclats de grenaille : un Mig-15 décoré d’un crâne, un cavalier famélique jouant au petit soldat, un officier américain encerclé par ses propres billets. La satire visuelle renforce l'idée que l’argent a remplacé la stratégie, la tactique, la raison.

La guerre devient un cirque : hymnes réécrits, redditions tarifées, bataillons au forfait

Lacroix poursuit en décrivant des hauts-parleurs diffusant en coréen des hymnes défaitistes. Il ose même une parodie de la Marseillaise :

« Allons enfants de l’apatrie, le jour de gloire est tarifé… »

En 1953, la Marseillaise est encore sacrée, portée par les souvenirs de 40–45. La détourner ainsi n’est pas gratuit : c’est montrer que l’héroïsme s’est inversé, que les opérations militaires se règlent désormais par écritures comptables.

Ce que Lacroix dénonce n’est pas seulement le cynisme américain — il se moque tout autant de la propagande communiste. Il décrit un bataillon sino-coréen vendu “au tempérament sur dix-huit mois”. Même les sacrifices deviennent des mensualités. C’est la logique marchande universelle, pas celle d’un seul camp.

Le dernier “garé” : quand un soldat refuse d’être vendu

La chute est parfaite. Lacroix raconte l’histoire d’un unique soldat sino-coréen qui refuse, seul dans sa poche de résistance, de “se vendre”. Toutes ses divisions se sont rendues ; lui non. Les généraux, américains comme chinois, essayent de le convaincre d’entrer dans la transaction. Il refuse toujours.
Pourquoi ? On ne le saura jamais. Peut-être par honneur, peut-être par peur, peut-être parce qu’il ne comprend rien à la comptabilité du carnage.

La dernière phrase fauche tout :

« C’est la seule poche du front qui, jusqu’à présent, n’ait pas été comptabilisée. »

La guerre, vue par J.-P. Lacroix, n’est plus un drame : c’est un livre de comptes. Et le seul être humain encore vivant est celui qui échappe à la ligne de crédit.

Un pamphlet contre la déshumanisation de la guerre moderne

Dans le contexte du printemps 1953, ce texte résonne fortement. L’armistice n’est signé que le 27 juillet. Les deux camps sont à bout. Le monde s’habitue à l’idée que les conflits de la guerre froide ne se gagnent pas, qu’ils se gèrent.

Lacroix montre que cette gestion peut virer au monstrueux :

* l’homme y devient marchandise ;
* la stratégie devient un prix de revient ;
* la victoire, une ligne budgétaire.

La satire est mordante, mais d’une justesse glaçante.

 

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