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N° 1706 du Canard Enchaîné – 1 Juillet 1953

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La danse des milliards ou… le french Caen-Caen !

Dans sa une du 1er juillet 1953, J.-P. Lacroix transforme le programme du gouvernement Laniel en un chef-d’œuvre de satire politique. Face à une IVe République incapable de décider, il dresse la liste hilarante — et tragiquement vraie — de mesures conçues pour plaire à tout le monde : dialogue entre C.R.S. et bey tunisien, négociations fantômes avec Bao Daï, équilibre “entre le zist et le zest”, prévaricateurs “à la lanterne”, chèvres subventionnées et mérinos laissés passer. Sous la plaisanterie, un constat féroce : un pays immobile, pris au piège de ses crises coloniales et de son immobilisme parlementaire.

 

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Un programme “100 % normand” : quand J.-P. Lacroix pulvérise l’art du compromis politique sous la IVe République

Été 1953 : une IVe République à bout de souffle

L’article de J.-P. Lacroix, publié en une du Canard enchaîné du 1er juillet 1953, arrive au terme d’une nouvelle crise ministérielle. Depuis la chute du gouvernement Mayer (mai), l’Assemblée patauge entre alliances contre-nature, éclats de voix, défections et dégoûts. Les gouvernements-fantômes se succèdent ; les majorités se fabriquent et se défont en quarante-huit heures.

Le nouveau Premier ministre, Joseph Laniel, vient d’être investi après des semaines d’intrigues parlementaires. Il propose un gouvernement censé satisfaire à la fois les “réformistes” (Edgar Faure, Mitterrand, Reynaud, Paul Bacon) et les immobilistes (Bidault, Teitgen, Barrachin, Pleven, Martinaud-Déplat). Une quadrature du cercle que Lacroix résume d’une formule assassine :

« C’est en effet un programme 100 0/0 normand. »

Autrement dit : un programme fait pour ne froisser personne — donc pour ne rien faire.

Une satire de la tiédeur nationale

Lacroix s’attaque ici au cœur du système politique de la IVe République : le compromis permanent, l’équilibrisme, le louvoiement érigé en méthode gouvernementale. Faute de majorité stable, chaque gouvernement doit produire une politique qui ne satisfait vraiment personne, mais qui évite de provoquer les partis les plus hargneux.
Le texte fonctionne comme une liste de mesures impossibles, c’est-à-dire de non-mesures, rédigées pour s’adapter aux susceptibilités de chacun.

Le résultat est un programme grotesque, où chaque décision est immédiatement contredite par une autre. Cette parodie administrative révèle ce que tout le monde savait mais que peu osaient dire : la France de 1953 est dirigée par des équilibristes plus soucieux de ne pas tomber que d’avancer.

Territoires d’outre-mer : une politique au bord du gouffre

Lacroix aborde ensuite deux terrains brûlants — la Tunisie et l’Indochine — qui occupent toutes les réunions du cabinet Laniel.

En Tunisie, l’objectif :

« Renouer le dialogue entre les C.R.S. et le bey. »

La formule dit tout : il ne s’agit plus de diplomatie, mais de maintien de l’ordre. Le protectorat tunisien est alors en pleine insurrection ; l’emprisonnement de Bourguiba par la France attise la révolte ; les C.R.S. sont partout.

En Indochine, Lacroix frappe encore plus fort :

« Négocier tout de suite. Mais avec qui ? Avec Bao Daï. »

Bao Daï, empereur fantoche installé par la France, ne gouverne rien. La guerre est perdue, mais la France continue de discuter avec des ombres chinoises.

Par ces deux phrases lapidaires, Lacroix dit l’effondrement colonial sans le nommer.

Politique extérieure : l’art de ne rien dire pour n’irriter personne

La satire devient encore plus incisive dans la section « Politique extérieure ». Le programme Laniel consiste à :

« Maintenir un judicieux équilibre entre la Russie et l’Amérique.
Mieux : entre l’Est et l’Ouest.
Et mieux encore : entre le zist et le zest. »

La blague est fulgurante : l’alignement atlantique, adopté en 1949, est pourtant réel. Mais la IVe République, pour ne pas fâcher les communistes d’un côté et les gaullistes de l’autre, vit dans la fiction de l’équilibre. Lacroix pousse cette hypocrisie jusqu’au non-sens linguistique.

Le sommet de l’ironie est atteint avec cette recommandation :

« En un mot, pratiquer plus que jamais la politique de Marianne de Buridan. »

Allusion à l’âne de Buridan, incapable de choisir entre deux bottes de foin — ici féminisé pour ajouter de l’absurde. C’est une manière élégante de dire que la politique extérieure du gouvernement Laniel consiste à ne rien décider du tout.

Politique fiscale : la Révolution française au service du statu quo

Lacroix évoque ensuite “les prévaricateurs à la lanterne” : la vieille menace jacobine de pendre les corrompus. C’est bien sûr irréalisable, mais cela flatte à la fois les radicaux, les gaullistes sociaux, les républicains de gauche.
Lacroix réduit ce populisme fiscal à un slogan :

« Lanterner. »

Mot double, qui signifie à la fois traîner en longueur et sortir la lanterne révolutionnaire. Le pire et le meilleur réunis.

Politique agricole : seuls les choux et les mérinos survivront

Le programme agricole parodique est un bijou d’absurdité administrative :

subventions aux chèvres,
protection des pots de fleurs,
défense des plates-bandes,
indulgence envers les mérinos.

Ce n’est pas gratuit : le monde agricole, très influent dans la IVe République, faisait plier les gouvernements à la moindre hausse du prix du blé. Lacroix rappelle que la politique agricole tient plus de l’évitement que du choix.

Un portrait impitoyable de la paralysie gouvernementale

Lacroix n’attaque pas seulement le gouvernement Laniel : il dénonce une manière française de gouverner. La politique devient un jeu d’équilibrage où l’on ménage tout le monde pour ne rien perdre — et où l’on ne gagne donc jamais rien.

À travers l’humour, il décrit une France qui ne décide plus, empêtrée dans ses colonies, ses partis, ses factions, ses intérêts agricoles, et son impossibilité chronique à trancher.
C’est un texte prémonitoire : un an plus tard, éclatera la crise tunisienne ; deux ans plus tard, Dien Bien Phu ; cinq ans plus tard, la IVe République elle-même.

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Grâce au "canard" il n'y a plus de mystère Laniel - Gaston Monnerville - le maréchal Juin - martine Carol - de Gaulle - Mac Carthy - Herriot - A la rôtissoire : Jean-Paul Lacroix enfin démasqué - Cinéma : les ensorcelés, Vincente Minnelli 

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