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N° 1708 du Canard Enchaîné – 15 Juillet 1953

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L’affaire des bijoux de la Bégum

Dans sa une du 15 juillet 1953, Tréno pulvérise l’affaire des bijoux de la Bégum et révèle un système où police, assureurs et truands travaillent main dans la main. Loin de glorifier la Sûreté, il décrit une “police d’assurance” qui négocie avec les receleurs, rémunère les intermédiaires et cautionne des transactions aussi douteuses que rentables. Gangsters corses, ministres embarrassés, assureurs complaisants : tout le monde a sa part. Sous la satire, un constat féroce : en 1953, la police française combat moins le crime qu’elle n’en gère les pertes — comme une compagnie d’assurance.

 

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Quand Tréno démonte la mécanique policière : dans l’affaire des bijoux de la Bégum, la police française ressemble surtout à… une mutuelle

1953 : l’État français vacille entre crises coloniales, chutes de gouvernements et scandales policiers

Au cœur de l’été 1953, la IVe République traverse une crise politique permanente, sur fond d’Indochine, de Tunisie, de corruption rampante et d’effondrement de l’autorité. Dans ce climat, l’« affaire des bijoux de la Bégum » — volés en 1949 et retrouvés de façon partielle et douteuse en 1953 — revient à la surface comme un symptôme : celui d’une police française prête à négocier avec des malfaiteurs plutôt que de les arrêter.

Tréno, dans sa une du 15 juillet 1953, attaque frontalement ce système ambigu où assureurs, policiers, indicateurs et voleurs semblent participer à la même économie parallèle : celle de la récupération indemnisée.

« La police française est surtout une police d’assurance » : une phrase qui claque

Le titre est un coup de sabre :

« La police française est surtout une police d’assurance. »

On pourrait croire à une hyperbole ; c’est un constat. L’affaire des bijoux de la Bégum — épouse de l’Aga Khan — a révélé que la police avait préféré traiter avec les receleurs plutôt que de les poursuivre. Cela arrangeait tout le monde :

les assureurs, pour minimiser leurs pertes ;
les policiers, pour “résoudre” l’affaire sans risquer une opération dangereuse ;
les voleurs, qui restituent une partie du butin en échange d’une transaction financière.

Tréno explique sans détour le cynisme du “système” :

« Les juges ont su conserver, même dans les heures troublées, un sens parfait de l’honneur et de la dignité.
Il est fâcheux qu’on puisse dire que la Sûreté a connu le gangster Leca en prison. »

Voilà la clef : les juges gardent l’honneur, la police s’en accommode.

Le cas du bandit Leca : une fréquentation trop commode

Le gangster Paul Leca, lié aux truands corses, est présenté comme l’un des intermédiaires privilégiés de la police dans cette affaire. Tréno souligne l’indignité du procédé : comment prétendre poursuivre la criminalité quand on se sert des criminels pour résoudre les enquêtes ?

La formule assassine tombe :

« Aucun gangster, par définition, ne peut avoir le sens de l’honneur.
De même, par définition, tous les policiers possèdent ce sens au plus haut degré. »

Ici, Tréno déploie l’ironie dans ce qu’elle a de plus blessant : montrer la contradiction entre les discours officiels et la réalité des pratiques.

Un rappel brutal : les voleurs ne sont pas seuls à voler

La partie la plus corrosive du texte concerne les assureurs. Ceux-ci, écrit Tréno, ont accepté de financer la restitution partielle du bijou volé. Ils ont ainsi avalisé une “transac’”, selon un mécanisme classique du banditisme des années 50 :

« Les bandits savaient que la Compagnie d’assurances, pour éviter de verser les 20 millions représentant la valeur des joyaux dérobés, préférait remettre une prime de 10 millions. »

En clair : l’assureur paie les voleurs pour récupérer ce qu’il peut.
Et cela — Tréno l’a bien compris — encourage mécaniquement les vols futurs.

Il le dit nettement :

« On pourrait même parler de complicité. »

En 1953, ce mot est explosif : il accuse directement l’industrie de l’assurance d’alimenter le crime organisé.

Les “intermédiaires” : cœur pourri du système

Tréno insiste sur le rôle trouble des intermédiaires :

« Du moment que les intermédiaires sont des policiers, ceux-ci ne s’embarrassent pas de l’honneur : toutes ces distinctions-là sont vite, trop vite, répons… telles. »

La phrase heurtée, volontairement bancale, imite l’embarras d’un discours officiel qui tente de justifier l’injustifiable. C’est l’une des signatures de Tréno : laisser voir, dans la syntaxe même, l’absurdité du système qu’il décrit.

L’affaire devient alors un révélateur : ni la Sûreté, ni la PJ, ni les assureurs ne sortent indemnes de ce fiasco moral.

Martinaud-Déplat : un ministre sacrifié — mais sur qui tombe la faute ?

Le ministre de l’Intérieur, Léon Martinaud-Déplat, est suspendu — temporairement — pour avoir cautionné des “méthodes” de transaction. Tréno, qui voit bien le mécanisme, note :

« Le fait que M. Martinaud-Déplat soit député d’Aix-en-Provence n’est pour rien, bien entendu, dans sa décision. »

Ironie pure : le ministre est élu précisément dans la région où le procès a lieu.
Il ne peut pas ne pas intervenir ; il ne doit pas intervenir ; il intervient.

Tréno montre le système à nu : la classe politique protège ses réseaux régionaux, et la police protège les “fournisseurs” qui l’aident à résoudre ses dossiers.

Une conclusion au vitriol

Le dernier trait est redoutable :

« Les gangsters n’auraient, nous dit-on, rien gagné à la transaction… Ils ne transigent pas sur ce chapitre. »

Autrement dit : les voleurs ne perdent jamais.
La République, si.

Ce texte marque l’une des charges les plus acérées de Tréno contre la collusion police–milieu–assurance. Derrière l’humour, il y a une dénonciation limpide : la police française, en 1953, sert parfois davantage d’intermédiaire que de gardienne de l’ordre.

Et ce constat, dans une France déjà secouée par ses guerres coloniales et ses crises politiques, résonne comme un avertissement : on ne combat pas le crime en pactisant avec lui.

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M. Laniel et ses ministres normands ont prononcé le serment du jus de pommes - Malenkov - Beria - Pinay - Bidault - A la lanterne quelques ci-devant éclairés: Malraux, Sartre, Reynaud, Juin - Le Canard sans-culotte 

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