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N° 1711 du Canard Enchaîné – 5 Août 1953

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Vous la voulez ? On vous la donne !

Dans sa une du 5 août 1953, Tréno répond au correspondant de Life qui accusait les Français d’être des mendigots en Indochine. Sa riposte est dévastatrice : “Vous la voulez, l’Indochine ? On vous la donne !” Et il déroule l’inventaire des turpitudes coloniales : opium, mafias corses, fonctionnaires véreux, trafiquants de piastres, policiers compromis, morts suspectes et corruption généralisée. Tréno ne défend pas la France : il expose sa faillite coloniale. Une satire féroce, lucide, où l’ironie devient aveu d’impuissance — un an avant la chute de Diên Biên Phu.

 

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« Vous la voulez ? On vous la donne ! » — Tréno règle ses comptes avec Life et avec l’Indochine française

1953 : la guerre est perdue, mais la France continue de faire semblant

L’article de Tréno, publié à la une du Canard enchaîné du 5 août 1953, répond à un papier au vitriol du journaliste américain Douglas Duncan dans Life Magazine. Celui-ci accuse les Français d’être des mendigots vivant aux crochets de l’aide américaine, paresseux, inefficaces, plus portés sur les siestes que sur la guerre. Une caricature brutale, mais qui intervient dans un contexte où la France dépend effectivement des moyens militaires US pour poursuivre une guerre déjà perdue.

Tréno, au lieu de se défendre, choisit une stratégie plus radicale :

« Vous la voulez, l’Indochine ? Prenez-la ! On vous la donne ! »

L’ironie est d’une dureté rare : l’Indochine n’est pas un cadeau mais un gouffre, un cloaque, un marécage où se mêlent corruption, opium, trafics, collusions militaires et intérêts privés.

Une réponse aux Américains… qui est surtout une confession involontaire

Le texte est construit comme un inventaire à la Prévert de tout ce que la France n’a jamais su, voulu ou pu nettoyer dans son empire :

* la corruption généralisée,
* le trafic d’opium organisé depuis les années 1920,
* les marlous,
* les officiers compromis,
* les fonctionnaires qui jouent double jeu,
* les intermédiaires corses,
* et les industriels enrichis par les “piastres”.

Tréno l’énonce sans détour :

« Nous vous la donnons, l’Indochine. Prenez-la avec tout ce qu’elle contient. »

Et ce qu’elle contient, précise-t-il, ferait crever “tous les maudits Viets” autant que les officiers français : une myxomatose morale.

Le trafic d’opium : le cancer organisé de la colonie

Tréno expose froidement ce que la IVe République n’ose jamais dire publiquement : le trafic d’opium, organisé d’abord par les autorités coloniales françaises pour financer les budgets locaux, puis récupéré par des réseaux privés, est devenu un pilier économique.
Il accuse explicitement certains officiers supérieurs de protéger ce commerce, et certains tueurs de “descendre” ceux qui s’en mêlent.

L’image est terrible : une colonie gangrenée par une économie parallèle, où l’ordre colonial repose sur les alliances les plus sales.

La haute société saïgonnaise : tripots, bordels et “Grand Monde”

Tréno ne lâche personne :

* les “honorables clients du Grand Monde”,
* les tenanciers de tripots,
* les riches commerçants,
* les fonctionnaires trop bien mis,
* et jusqu’aux ministres qui ferment les yeux.

L’Indochine décrite ici n’a rien de l’univers civilisateur que la IIIe République promettait à la Chambre. C’est un mélange de Casablanca sans Bogart et de Chicago sans Eliot Ness.

Cette décomposition est présentée sans pathos, presque avec un rire jaune. Tréno sait que le lecteur reconnaît les allusions : l’affaire des piastres, le scandale des BMC, la corruption massive du haut-commissariat.

Franchini et l’ombre d’Armorin : un rappel mortel

L’un des passages les plus violents est celui où Tréno évoque la mort de François-Jean Armorin, journaliste français retrouvé mort à Saïgon quelques mois plus tôt.
Tréno rappelle que le journaliste avait été menacé pour avoir mis les pieds dans le plat — et il désigne implicitement les “Franchini-tont-en-or”, c’est-à-dire Mathieu Franchini, patron du Continental Hotel, pivot du milieu saïgonnais.

« On vous cède tout le lot pour rien. »

Sous-entendu : même assassins compris.

La réponse à Life devient un tombeau ironique pour l’Indochine française.

La IIIe force qui s’effondre : Bao Daï, Leclerc et l’aveuglement français

Tréno rappelle ensuite un épisode connu : en 1946, le général Leclerc — revenu en Indochine constater l’étendue de la catastrophe politique — déclare que “l’Indochine est perdue”.
Le gouvernement français refuse d’entendre.
Huit ans plus tard, le corps expéditionnaire perd toujours du terrain.

Tréno résume l’aveuglement de la classe politique :

« Comme tous les cocus, les Français ont mis le temps à se douter de la vérité. »

La phrase est brutale, presque cruelle, mais elle résume parfaitement l’illusion d’une France persuadée de pouvoir rétablir une “opération de police” alors qu’elle mène une véritable guerre révolutionnaire.

Les Américains ferment le robinet : l’infamie finale

Le point de rupture est là :
le Sénat américain, exaspéré par la corruption et les abus, envisage de couper l’aide financière.

C’est à ce moment — note Tréno avec un sens du timing sadique — que les Américains se permettent d’insulter la France.

De quoi réveiller la colère du Canard :

« Vous tombez mal, savez-vous ? »

Et la chute :

« Vous la voulez, l’Indochine ? Eh bien, on vous la donne ! »

Le texte n’est pas seulement une riposte à Life : c’est l’aveu, par un satiriste, que la France n’a plus ni moyens, ni légitimité, ni illusions.

Conclusion : un autodafé colonial sous forme de satire

Tréno signe ici l’un de ses textes les plus acerbes sur l’Indochine.
Il répond à une provocation américaine en décrivant, sans fard et presque sans défense, l’état de putréfaction de la colonie française.
Le rire — amer — masque une défaite déjà consommée.

Quelques mois plus tard, le piège de Diên Biên Phu se refermera.

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