N° 1715 du Canard Enchaîné – 2 Septembre 1953
N° 1715 du Canard Enchaîné – 2 Septembre 1953
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À la pointe de l’actualité
Le Canard glisse en une du 2 septembre 1953 un dialogue satirique sur la colonisation… avant de révéler en NDLR qu’il date en réalité de 1897. Et c’est bien là tout le scandale : ce vieux catéchisme impérial, avec son Afrique “appartenant aux Européens” et sa “civilisation” qui justifie la prédation, correspond exactement au discours de la France de Bidault, en pleine guerre d’Indochine. En ressortant un texte du XIXe siècle sans modifier un mot, le Canard montre que la IVe République raisonne encore comme sous la IIIe. Une leçon embarrassante — et terriblement actuelle.
Hommage à Maurice Felut
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Le Canard enchaîné, 2 septembre 1953
À la pointe de l’actualité (Stick)
Un document de 1897 qui colle trop bien à 1953
Le petit dialogue publié en une du Canard le 2 septembre 1953 semble d’abord une vignette satirique de plus sur la politique coloniale — jusqu’à la NDLR, ce petit rectangle d’encre souvent oublié par les lecteurs pressés. On y apprend que le texte n’est pas une invention de Stick, ni même un reflet direct de 1953 : il provient de l’Almanach du Pèlerin de… 1897.
D’un coup, toute la perspective change. Ce qui avait l’air d’une caricature contemporaine devient un miroir historique : la France de 1953 pense encore comme celle de la fin du XIXe siècle. Au lieu d’un trait d’humour, on se trouve face à une démonstration politique : un demi-siècle plus tard, l’idéologie coloniale est inchangée.
La rhétorique impériale, intacte malgré les guerres et les insurrections
En 1953, la France est empêtrée dans la guerre d’Indochine, confrontée à une montée irrésistible des nationalismes tunisien et marocain, secouée par les premiers craquements de son système colonial. Pourtant, le discours parisien reste figé : il s’agit toujours de “civiliser”, d’“apprendre”, de “mettre en valeur”, comme si l’Empire relevait d’une entreprise pédagogique.
Le texte de 1897 reprend exactement cette vision : le Maroc “appartient aux Européens”, l’Afrique est naturellement destinée à être guidée, et les peuples colonisés sont décrits comme trop faibles ou trop ignorants pour se défendre. Rien n’a vieilli. On croirait entendre certains discours officiels de la IVe République.
L’effet recherché est évident : montrer par l’absurde que la France répète en 1953 les certitudes d’autrefois, alors même que le monde se décolonise sous ses yeux.
Le retournement final : quand l’enfant applique la leçon coloniale
La scène domestique qui clôt le billet est le véritable cœur du texte. L’enfant montre fièrement à sa mère les billes qu’il “a prises” à son camarade Pierre, “parce qu’il ne savait pas s’en servir”. La mère s’indigne, l’enfant se défend :
« Mais, maman… c’est la civilisation. »
Tout y est :
– la justification paternaliste,
– la bonne conscience,
– le vol présenté comme une mission,
– et l’incapacité à voir la violence de l’acte.
Ce simple échange révèle la mécanique coloniale avec une précision chirurgicale : prendre, s’approprier, prétendre que c’est pour le bien de l’autre. Pas besoin de commentaire supplémentaire : la logique parle d’elle-même.
La NDLR : un coup de bâton pour Georges Bidault
La phrase ajoutée par la rédaction transforme le billet en véritable arme politique :
« Si M. Bidault se fait donner des leçons par le Pèlerin maintenant ! Il est vrai qu’au bout de 57 ans, il y a prescription… »
Bidault, alors ministre des Affaires étrangères, est l’un des piliers de l’intransigeance française en Indochine. Le comparer implicitement à un élève docile récitant un texte de 1897, c’est accuser sa politique coloniale d’être hors d’âge. C’est dire, avec une ironie sèche, que la IVe République marche encore à l’ombre de la IIIe — et qu’elle persiste à prendre le monde pour une salle de classe où l’Europe distribue les rôles.
Ce billet, modeste en apparence, est en réalité une gifle adressée à l’État : la France de 1953 a gardé les réflexes mentaux de 1897. Le Canard, fidèle à son rôle, ne fait que tenir le miroir.
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