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N° 1718 du Canard Enchaîné – 23 Septembre 1953

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Les malins

Dans la jungle des profiteurs de la piastre

Le Canard du 23 septembre 1953 poursuit l’enquête explosive sur le trafic des piastres : après « l’Imbécile » Despuech, R. Tréno s’attaque cette fois aux « Malins », ces profiteurs bien réels qui ont fait fortune sur le dos de l’Indochine en guerre. Au cœur du système : Francoquin, personnage-clé des combines coloniales, intouchable et célébré. Une plongée féroce dans une République où les naïfs se suicident, et où les habiles bâ­tissent des empires sous la protection du pouvoir.

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Les Malins,

ou le roman noir de la France coloniale

Avec Les Malins, paru le 23 septembre 1953, R. Tréno poursuit son démontage en règle du système colonial français et des fortunes occultes qui ont fleuri autour du trafic des piastres. Après L’Imbécile — pauvre Despuech, lanceur d’alerte involontaire — voici l’autre face du tableau : non plus les naïfs, mais ceux qui savent exactement où ils mettent les pieds. Et qui, eux, s’en tirent très bien.

Un Eldorado colonial : l’Indochine comme Klondyke

Tréno remonte à décembre 1945, lorsque l’écart entre le cours officiel de la piastre (fixé par la France) et sa valeur réelle crée une situation explosive : une sorte de mine d’or monétaire à ciel ouvert. Les initiés flairent aussitôt la bonne affaire. L’Indochine, encore sous administration française, devient un terrain de prédation financière où se mélangent trafics de devises, spéculation, contrebande et corruption à tous les étages de l’appareil colonial.

La guerre d’Indochine n’a pas encore commencé pour l’armée française que, déjà, des « volontaires » affluent : non pour combattre, mais pour s’enrichir. La métropole, lessivée par la guerre, peine à comprendre l’ampleur de ce pillage encouragé par une décision gouvernementale aussi irréfléchie qu’irréversible.

Les « Malins » : une caste de profiteurs

Tréno, dans un ton qui oscille entre colère froide et ironie vitriolée, dresse le portrait de ces « Malins » : des trafiquants de piastres, banquiers, intermédiaires, fonctionnaires supérieurs, militaires haut placés, tous ceux qui avaient compris que la piastre indochinoise valait plus morte que vive. Ils sont « innombrables », nous dit-il, mais certains émergent du lot : les « Malins et demi », ceux dont les noms ont circulé pendant les commissions d’enquête, les affaires scandaleuses, les rapports ministériels étouffés. Ceux qui, surtout, ont perçu des chèques — des sommes dont Despuech, lui, n’a même pas imaginé l’existence.

Francoquin, le roi des ombres

Dans cette galerie, un nom revient comme un leitmotiv : Francoquin — avatar transparent du véritable Franchini, puissant patron du « Continental » à Saïgon, déjà croisé dans les autres articles de Tréno. Ici, le chroniqueur ne se cache même plus : Francoquin est le Malin n°1. Sa fortune s’est bâtie au cœur du trafic, et l’homme, à Paris comme en Indochine, circule protégé par des réseaux politiques, des magistrats amicaux et des ministres qui détournent les yeux.

Tréno le présente comme un « self-made man » du pillage colonial, un homme capable de célébrer son premier milliard, puis son deuxième pendant la guerre. La scène a quelque chose d’hallucinant : pendant que les soldats meurent au Tonkin, que les Vietnamiens subissent les bombardements, que les contribuables français paient l’effort de guerre, certains encaissent tranquillement les dividendes d’un système truqué. Et Francoquin est célébré localement, respecté à Paris, jamais inquiété.

Une République des Malins

Lirait-on un roman, on crierait à l’exagération. Mais tout ce que Tréno décrit s’appuie sur des auditions officielles, des rapports parlementaires, des enquêtes administratives que le ministère des Finances rechigne à communiquer. Et surtout, il s’appuie sur le livre de Despuech — celui que personne ne voulait voir publié — où tous ces noms figurent, à peine masqués derrière de minces pseudonymes.

La chute de l’article est d’une ironie crépitante : « Chapeau bas devant Francoquin ! Chapeau bas devant tous les Malins ! » Ce n’est pas un compliment, mais un constat terrible : la République de 1953 est, selon Tréno, gouvernée autant par ses institutions que par cette caste d’habiles profiteurs qui ont compris que l’Indochine était un coffre-fort offert par le pouvoir.

La France officielle préfère l’oubli

Nous sommes à l’automne 1953. La guerre d’Indochine touche à sa fin, la chute de Diên Biên Phu est à quelques mois. À Paris, la IVe République chancelle sous les scandales, incapable de réformer un appareil colonial corrompu jusqu’à la moelle. Tréno, fidèle à son rôle de chroniqueur implacable, ne laisse aucune échappatoire : si Despuech était « l’Imbécile », les vrais coupables, eux, sont les « Malins ». Et ce sont eux qui tiennent la plume, l’argent et la puissance.