N° 172 du Canard Enchaîné – 15 Octobre 1919
N° 172 du Canard Enchaîné – 15 Octobre 1919
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Premier numéro du « Canard Déchaîné »
Maintenant la grande presse est autorisée à dire la vérité …mais, bien entendu, elle ne profitera pas de la permission
Le 12 Octobre 1919, Clémenceau lève enfin la censure et rétablit la liberté de la Presse, ce que le Canard célèbre joyeusement dans ce numéro, en premier lieu au travers du nouveau nom du journal… dessin de Calvo. Le 15, le Canard enchaîné se libère de ses chaînes et se proclame « déchaîné ». Un titre provisoire, assure-t-il… mais l’ivresse de la satire, elle, est bien réelle. Dans son éditorial du 15 octobre, le journal raille la « paix » à peine signée, déjà fragile, et revendique le droit de frapper plus fort encore. Une déclaration d’indépendance, drôle et mordante, qui inaugure une période unique : jusqu’en avril 1920, Le Canard déchaîné sera plus insolent que jamais.
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Le 15 octobre 1919, Le Canard enchaîné devient, pour un temps, Le Canard déchaîné. Ce n’est pas qu’un caprice d’imprimeur ni un simple clin d’œil : c’est une célébration bruyante et joyeuse d’un événement survenu trois jours plus tôt. Le 12 octobre 1919, Clemenceau, président du Conseil, annonce la levée de la censure instaurée en août 1914 et le rétablissement de la liberté de la presse. Pour un hebdomadaire né précisément de la guerre et de son bâillon, cette nouvelle sonne comme une délivrance.
L’éditorial de ce 15 octobre sonne alors comme un cri de victoire : « Déchaîné – et comment ! » proclame le journal, soulignant qu’il devient enfin libre de dire ce qu’il pense, sans être amputé de passages entiers par la censure militaire. La formule est volontairement ambivalente : il ne s’agit pas seulement d’un état provisoire, comme la paix elle-même, mais d’une revendication durable, presque programmatique.
Tout au long du texte, le Canard multiplie les clins d’œil à ses démêlés passés avec les censeurs. « Il nous arrive parfois, nous devons l’avouer, de dire la vérité, mais bien malgré nous », écrit-il en se moquant de ces lignes mutilées qui laissaient des blancs éloquents dans ses colonnes. Cinq lignes de l’éditorial sont d’ailleurs volontairement censurées dans cette édition, pour mieux souligner la farce de ces coupes arbitraires. La satire devient alors jubilatoire : le journal ne se contente pas d’annoncer la liberté retrouvée, il en fait aussitôt la matière de son humour.
L’illustration de Calvo, où des canards chapeautés trinquent joyeusement autour du cadavre d'Anastasie, traduit cette liesse. Le Canard proclame sa volonté de demeurer frondeur et indépendant, rappelant qu’entre deux guerres, « la paix n’est qu’une trêve ». Le titre déchaîné n’est pas qu’un symbole, c’est un manifeste : il exprime la volonté d’une presse libre de griffer les puissants, d’ironiser sur les gloires militaires ou les grands discours, et surtout de parler à ses lecteurs sans muselière.
Cette appellation de déchaîné durera jusqu’au 28 avril 1920, période où l’hebdomadaire redoublera d’insolence contre les travers du Bloc national, les prix qui flambent et les abus des autorités. Mais dès ce 15 octobre, le message est clair : désormais, le Canard n’est plus seulement un journal satirique, c’est le symbole d’une liberté reconquise, jubilatoire et moqueuse, qui entend bien ne plus jamais se laisser bâillonner.

 
      



