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N° 1721 du Canard Enchaîné – 14 Octobre 1953

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39,00 

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Quand le soldat de chair devient soldat de plomb

Morvan Lebesque démonte avec une précision féroce la manière dont la France de 1953 transforme un soldat réel en bibelot patriotique. Le « caporal Peugeot », premier tué de 14-18, ressuscite dans un musée comme un mannequin de cire – un spectacle propre et muet qui permet d’éviter toute réflexion sur les guerres en cours. Entre ironie noire et colère froide, l’article attaque la mythologie guerrière française et questionne : qui prépare déjà la vitrine du premier mort de la prochaine guerre ? Un texte décapant, magnifiquement accompagné par les dessins corrosifs d’Henri Monier.

 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Quand la France d’après-guerre embaume ses morts (et son histoire)

Le fantôme de 1914 dans la France de 1953

Quand Morvan Lebesque publie ce billet en octobre 1953, la France sort à peine de la guerre d’Indochine et se sait déjà promise à d’autres déchirements coloniaux. Mais elle continue, comme par réflexe pavlovien, à chercher refuge dans un imaginaire héroïque hérité de 1914-1918. L’article de Lebesque, d’une noirceur tendre, attaque précisément cette manie nationale : transformer des hommes bien réels, de chair, de fatigue et de peur, en icônes de cire qu’on expose au public comme des reliques.

Le « caporal Peugeot », premier mort de 14-18, devient ainsi pour le Musée Germain une pièce de collection, presque une attraction dominicale. Lebesque pointe l’indécence tranquille avec laquelle la société française, trente-neuf ans après l’événement, accepte de remettre debout un mort pour faire spectacle, de « l’habiller » à nouveau, d’essuyer sa poussière comme on époussetterait un bibelot. Dans la France de 1953, la mémoire guerrière est un tremplin commode : on y puise de quoi nourrir un patriotisme éprouvé, mais aussi de quoi masquer les échecs contemporains.

Une critique de la mythologie militaire française

Lebesque va plus loin : il attaque cette culture de l’embaumement qui, selon lui, pervertit la mémoire des « Anciens du Quatorze ». La France préfère les soldats immobiles et muets à ceux qui, de leur vivant, avaient une voix. Elle préfère les « statues » à la réalité sordide des tranchées. Et surtout, elle préfère oublier que nombre de ces jeunes hommes n’avaient pas choisi de mourir « en héros ».

En 1953, pointer ces hypocrisies est loin d’être anodin. Le Canard enchaîné, depuis sa naissance, s’est construit en contre-chant du roman national. Lebesque, par sa prose sensible et coupante, rappelle à quel point les célébrations militaires peuvent devenir anesthésiantes : une guerre chasse l’autre, mais la mise en vitrine des morts demeure.

Le contraste avec les guerres contemporaines

Au moment où il écrit, la France sort traumatisée d’Indochine. Les « vitrines » actuelles ne contiennent plus des mannequins de cire, mais des discours officiels vidés de sens. Lebesque le dit sans dire : si la génération de 14-18 a laissé son image être figée, sanctifiée, c’est peut-être parce qu’elle-même, autrefois, n’a pas résisté suffisamment à la déformation de son aventure commune.

Le caporal Peugeot, ressuscité artificiellement dans un musée, devient alors le symbole d’une France qui préfère regarder derrière elle plutôt que de regarder en face les massacres qui ont lieu, au même moment, en Algérie naissante ou en Indochine agonisante.

Monier, en contre-champ ironique

Les dessins d’Henri Monier prolongent ce travail de démythification. Ils ridiculisent les représentations enfantines de la guerre – « perfide boche », « la tartine victorieuse » – qui, déjà en 1914, simplifiaient un conflit abominable en comédie patriotique. En 1953, les adultes continuent d’entretenir ces images pour ne pas avoir à penser la prochaine guerre. Lebesque le dit sèchement : « Qui prépare une vitrine toute neuve pour le premier tué de la prochaine guerre ? »

Ce n’est pas de la rhétorique : c’est un cri d’alarme.

Un texte contre l’amnésie

L’article frappe car il refuse toute consolation. Il remet en cause non seulement les institutions muséales, mais aussi le réflexe collectif qui consiste à envelopper la guerre dans une mythologie rassurante. Lebesque exhume, contre la cire, la vérité la plus gênante : les morts ne sont pas des objets. Et ceux qui les transforment en décor ou en symbole sont précisément ceux qui préparent les guerres suivantes.


Nous avons acheté un général ! - Cinéma : Fernandel partout - A la rôtissoire : Yves Montand - chantez-nous surtout " Le sale air de la peur  -"