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N° 1731 du Canard Enchaîné – 23 Décembre 1953

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Le Mauvais Œil : Lebesque face à la télévision naissante

Dans sa chronique du 23 décembre 1953, Morvan Lebesque tire un signal d’alarme prophétique : la Radio, jadis promesse de beauté, est devenue Vacarme. Et la Télévision, qui s’annonce, n’élèvera pas le peuple : elle l’endormira. Entre nostalgie des Années 20 et lucidité presque visionnaire, Lebesque dénonce l’avènement d’un “jouet pour enfants” qui menace la pensée adulte. Une critique au vitriol de la société du spectacle avant l’heure. À lire comme un avertissement – ou comme une clairvoyance.

 

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Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

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Le grand emballement moderne : quand la modernité tourne au vacarme

Avec “Le Mauvais Œil”, publié le 23 décembre 1953, Morvan Lebesque s’offre une méditation amère sur le siècle de progrès techniques dans lequel la France s’est jetée avec un enthousiasme presque religieux après 1918. L’article, sous ses airs de chronique nostalgique, est en réalité une charge sévère contre la dégradation culturelle que Lebesque observe à l’ère de la radio – et contre la télévision qui s’annonce.

Lebesque appartient à cette génération née autour de 1905, celle qui a grandi dans le paradis technologique des Années 20 : aviations, moteurs, TSF, cinémas, décollage de la science moderne. Cette France-là, émerveillée, croyait sincèrement que le progrès allait laver les tragédies de 14-18. La Radio, insiste-t-il, fut alors non pas seulement un média, mais une promesse de beauté, “un foyer où Bach et Beethoven entraient dans les chaumières”.

Mais 1953 est bien loin de 1920 : en trente ans, la technique s’est retournée contre son propre idéal, et Lebesque décrit cette bascule comme une véritable dégénérescence. La Radio “qui était Musique est devenue Vacarme”, saturée de réclames, d’orchestres bâclés, de bavardages creux (“Minute du Bla-Bla”, “Bourvil au Gratin”, etc.). C’est une critique sociale autant qu’une satire : la radio n’élève plus, elle abrutit.

La télévision : non pas une promesse, une menace

Le cœur du texte est consacré à la télévision naissante, que Lebesque observe avec une lucidité glaçante. Là où tant d’éditorialistes en 1953 célèbrent “l’avènement d’un art nouveau”, Lebesque, lui, n’y voit qu’un outil fabuleusement efficace d’abêtissement collectif.

Il ne s’agit pas d’un refus réactionnaire du progrès, mais d’une intuition sociologique d’une justesse sidérante : la Télévision n’élèvera pas le peuple, car “le public ne demande pas la beauté, il demande qu’on flatte ses instincts les plus bas”. La logique commerciale – déjà dominante – produira mécaniquement la médiocrité.

Son diagnostic est féroce :

  • la Télévision deviendra “un jouet pour enfants”,
  • elle retardera la “lente évolution de l’humanité vers l’âge adulte”,
  • elle remplacera la pensée par “l’image somnifère”,
  • elle installera un peuple “vaguement accroché à la surface des choses”.

C’est l’un des textes où Lebesque touche le plus juste sur la fabrique de la distraction, bien avant que les sociologues des médias ne théorisent la question. Il annonce la télévision commerciale, l’écran permanent, l’abrutissement par le spectacle – tout ce que la France découvrira pleinement vingt ans plus tard.

1953 : l’année où la France bascule dans l’ère du tout-écran

Ce texte s’inscrit dans un moment précis : la Télévision française connaît alors ses débuts réels (1952–1953), avec la création de la RTF-Télévision et l’installation progressive d’antennes dans les grandes villes. On compte encore peu de postes, mais le dispositif est lancé. Les pouvoirs publics, convaincus que l’image sera le vecteur de la nouvelle éducation populaire, y voient un instrument politique et social.

Lebesque, lui, y voit le contraire : non pas l’âge de la connaissance, mais celui de la servitude consentie. L’État, selon lui, ne protégera jamais la beauté ou la pensée : il protégera le rendement et l’audience.

Dans cette France d’après-guerre, où l’on croit encore que l’information, la culture et les arts doivent relever l’esprit, Lebesque dénonce la fin de la hauteur. La Radio, jadis orgueil national, est devenue “la reine du Bruit”. La Télévision, elle, promet de devenir “la machine à penser” du futur – mais une machine à penser à la place des hommes.

Un avertissement prophétique

En relisant Lebesque, difficile de ne pas être frappé par sa clairvoyance. Il voit venir :

  • la fusion du politique et du spectacle,
  • le remplacement de la pensée par la consommation passive d’images,
  • l’affaiblissement de l’esprit critique,
  • la disparition de la rareté culturelle,
  • l’essor d’un monde où l’illustration visuelle prime sur le texte.

Et il conclut en appelant non à refuser le progrès, mais à ouvrir l’œil – le “bon” œil –, celui qui discerne ce qui élève de ce qui abaisse.

Dans cette chronique, Lebesque signe peut-être l’un de ses textes les plus modernes, presque prémonitoires. Une méditation sur la France de 1953, oui, mais surtout sur le destin culturel de nos sociétés médiatiques. À l’heure où l’écran est partout, son “mauvais œil” n’a peut-être jamais été aussi utile.


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