N° 1758 du Canard Enchaîné – 30 Juin 1954
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Guatemala…Capital Washington !
Guatemala 1954 : quand Morvan Lebesque démonte la croisade made in USA
Dans ce texte foudroyant, Lebesque raconte le coup d’État orchestré par Washington contre Jacobo Arbenz au Guatemala, et démonte pièce par pièce la propagande religieuse et « morale » qui l’habille. Satire biblique, humour noir et lucidité politique : un des grands moments du Canard, où l’on voit comment un petit peuple est écrasé au nom du dollar, de la civilisation… et du « Dieu des Armées ». À lire absolument pour comprendre ce que Lebesque appelle, avec un sourire amer, « la mission chrétienne des marines ».
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Quand Morvan Lebesque démonte la « théologie » du coup d’État guatémaltèque
En cette fin juin 1954, alors que le Canard revient sur la chute du gouvernement d’Arbenz au Guatemala, Morvan Lebesque offre l’un de ses textes les plus acides, où humour noir, ironie biblique et colère politique se mêlent sans jamais perdre de vue le réel : un coup d’État téléguidé par les États-Unis, maquillé sous le langage mielleux de la « liberté » et de la « civilisation », et béni – littéralement – par la presse confessionnelle américaine.
Le décor : Arbenz, la réforme agraire et la United Fruit
Lebesque rappelle froidement ce que la propagande occidentale préfère taire : Jacobo Arbenz, président démocratiquement élu, avait osé briser les privilèges de l’empire agroalimentaire américain, la United Fruit Company, véritable État dans l’État, propriétaire de terres gigantesques, contrôleur de ports, employeur de marines privés et inspiratrice de toute la diplomatie américaine en Amérique centrale.
Ce « petit peuple » voulait être libre ? Il voulait choisir son chef ? Il voulait exproprier des terres improductives ? Il n’en fallait pas plus pour que l’on invoque, selon Lebesque, « le nom de Dieu Tout-Puissant » et que Washington déclenche sa propre croisade.
Quand Lebesque tourne la foi en arme rhétorique
Le génie du texte est là : Lebesque ne dénonce pas seulement un coup d’État. Il montre comment ce coup d’État est justifié par une rhétorique quasi religieuse, un « Dieu des Armées » recyclé dans la lutte anticommuniste, soutenu par la presse chrétienne américaine – en l’espèce le Christian Science Monitor, dont Lebesque cite avec précision le journaliste Joe Harsch.
Cette « liturgie du dollar », comme il l’évoque, transforme les bombes en bénédictions, les mercenaires en apôtres, et l'expansion américaine en mission civilisatrice. Rarement Lebesque aura poussé aussi loin la satire théologique appliquée à la géopolitique.
Le Conseil de Sécurité, l’Europe, la France : tous regardent ailleurs
Lebesque n’épargne personne : ni la France, qui s’abstient « au nom des Droits de l’Homme » ; ni l’Angleterre, qui refuse de voter tout en donnant une leçon de respect de l’Habeas Corpus ; ni l’Europe entière, devenue prudente après ses tragédies récentes.
Le résultat ? Le Guatemala est livré aux mercenaires de Castillo Armas, les paysans sont massacrés, mais Washington peut rouvrir les plantations. « Le dollar au plus haut des cieux », conclut-il dans une envolée qui suffit à elle seule à comprendre l’éclat satirique du texte.
Une critique globale : religion, impérialisme et hypocrisie
Lebesque cible moins la religion que l’utilisation perverse du discours religieux par le pouvoir. Il montre comment certains journaux américains transforment la politique en croisade, la guerre économique en mission divine, le renversement d’un gouvernement démocratique en simple « mesure de sécurité ».
Le Canard joue ici pleinement son rôle : dénoncer, dans un humour ravageur, ce que les autres journaux n’osent pas nommer. Et Morvan Lebesque, fidèle à sa plume libre, rappelle qu’il existe un devoir : ne pas s’habituer. Ne pas s’habituer au mensonge, au cynisme, à l’enrobage moral des violences internationales.
Un texte qui reste d’une brûlante actualité
Relire cet article en 1954 est une nécessité : c’est un décryptage immédiat d’un événement en cours.
Le relire aujourd’hui, c’est mesurer à quel point Lebesque avait compris avant tout le monde les mécanismes modernes de la propagande internationale, l’habillage moral des coups d’État, et la capacité de l’humour à dire le vrai là où les discours officiels mentent.
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