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N° 1768 du Canard Enchaîné – 8 Septembre 1954

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Bidault en Bidocchio : Tréno tire les ficelles

En septembre 1954, Tréno s’en donne à cœur joie : transformé en « Bidocchio », Georges Bidault devient sous sa plume l’enfant sage mal tourné, pion complexé propulsé trop haut, puis repoussé dans l’ombre après la débâcle de la C.E.D. Entre la caricature de Cabrol et les alexandrins baudelairiens, l’ancien ministre est éreinté avec une virtuosité féroce. Ambitions ratées, rancœur, dévotion perdue du M.R.P. : Tréno dissèque tout. Un morceau de bravoure où le Canard signe l’un de ses plus beaux procès en burlesque politique — sans indulgence, mais avec jubilation.

 

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (5€)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
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Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

L’autopsie d’un “petit homme” : Tréno scalpel en main

On a rarement vu Tréno si jubiler que lorsqu’il a l’occasion de disséquer un ministre en disgrâce. En septembre 1954, la cible se nomme Georges Bidault, tout juste débarqué du Quai d’Orsay après l’échec retentissant de la C.E.D. et marginalisé par Pierre Mendès France. Le Canard, qui n’avait jamais ménagé l’ancien président du M.R.P., voit dans sa retraite forcée un matériau idéal pour une pièce de cruauté comique. Cabrol croque un Pinocchio en enfant sage au regard mutin : Tréno en fait un Bidocchio, enfant sage tourné monstre d’ambition, petit pion monté trop haut et retombé lourdement.

Parce que tout, ici, repose sur la métaphore filée du « gamin dévoyé », celui qui fut professeur d’histoire mais « n’a jamais su se débarrasser d’un certain complexe de pion », Tréno transforme Bidault en élève dissipé, puni par la vie politique. Le ton est vibrant, railleur, presque tendre dans la première partie — un charme trompeur qui prépare la volée de bois vert.

Le M.R.P., fabrique de ratés et cocotte-minute idéologique

En 1954, le M.R.P. traverse une crise sévère : discrédité par la guerre d’Indochine, affaibli par la chute de Laniel, fracturé par la question européenne. Tréno, qui ne manque jamais de brocarder les démocrates-chrétiens, dépeint le parti comme un orphelinat pour « apprentis pas sorciers » qui « apprennent sur notre dos ». Bidault, en « enfant sage » devenu « violette » puis « hybride monstrueux », devient l’allégorie d’une famille politique à la dérive, malhabile et dangereuse.

L’article renvoie aussi à l’importance du retour de De Gaulle, dont l’ombre plane sur tout. Pour retrouver un poste, dit-il, Bidault devra « se rabibocher avec de Gaulle », lequel, selon la pique assassine rapportée par Tréno, estimait qu'il fallait « lui redonner un poste de professeur dans un collège de province ». Tréno adore citer de Gaulle — mais uniquement lorsqu’il est cinglant.

La C.E.D., cadavre encore tiède

La chute de Bidault tient à un événement clé de 1954 : l’enterrement de la Communauté européenne de défense, dont il fut l’un des architectes. L’échec de la ratification, fin août, laisse aux gaullistes et au Canard une joie à peine contenue. Tréno, sans jamais entrer dans la technicité, en tire une image d’une simplicité brutale : Bidault « rêve de remplacer son rival Robert-la-Conscience au Quai d’Orsay », mais se retrouve « en train d'enterrer par anticipation le cadavre de la C.E.D. ».

Le ridicule tue mieux que l’argumentation.

La haine comme moteur politique

La seconde partie de l’article devient plus sévère. Tréno insiste : la défaite n’a pas transformé Bidault, elle l’a révélé. L’ancien ministre, aigri, « boit la haine au tonneau des Danaïdes ». L’usage de Baudelaire pour achever la charge — « La Haine est un ivrogne au fond d’une taverne » — relève d’une ironie littéraire typiquement canadée : la poésie pour maquiller un tacle.

On y lit aussi une critique plus large de la classe politique : les rancœurs, les ambitions minuscules, les reniements. Sur ce point, Tréno dépasse Bidault — il radiographie tout un système à bout de souffle, incapable de gérer l’Indochine, l’Europe, l’après-guerre, autrement qu’au gré des médiocrités individuelles.

Un texte qui sent le vitriol… et la jubilation

Ce qui rend l’article remarquable n’est pas seulement l’attaque, mais la manière :

  • usage systématique du double sens (le « petit homme » / le « petit ambitieux »),
  • jeu sur les aphorismes et maximes (Bidault s’exprimant « encore par aphorismes »),
  • rythme très serré, quasi théâtral,
  • cruauté stylisée, presque élégante.

Tréno règle ses comptes — mais il le fait avec une telle inventivité verbale que la violence devient littérature. Bidocchio n’est pas un portrait : c’est un procès burlesque. Un numéro d’humour noir, dans lequel l’ancien ministre, caricaturé en enfant sage constipé, paie le prix de ses « ambitions dévoyées ».

En 1954, au moment où la IVᵉ République vacille une fois de plus, ce texte résume parfaitement la position du Canard : moquer, révéler, dénoncer — mais toujours avec style, et si possible avec un fouet.


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