N° 1786 du Canard Enchaîné – 12 Janvier 1955
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L’énorme mensonge – Paru dans Le Canard enchaîné le 12 janvier 1955
Dans cet article, Morvan Lebesque dénonce avec une verve acerbe ce qu’il qualifie d’ »énorme mensonge » entourant le récit glorifié des défaites militaires françaises. L’auteur commence par évoquer un article de Lucien Bodard sur Dien Bien Phu, récemment publié dans France-Soir. Bodard, selon Lebesque, brise le silence sur les erreurs stratégiques monumentales et l’incapacité structurelle de l’armée française dans ce qui est présenté comme une glorieuse défaite.
Lebesque utilise cette analyse pour élargir la discussion : la France est prise au piège d’une mythologie nationale qui sacralise l’héroïsme militaire tout en occultant les réalités brutales et les erreurs stratégiques. Il démonte l’idée selon laquelle le courage et le sacrifice suffiraient à garantir la victoire, dénonçant une vision romantique du soldat héroïque érigée en dogme depuis Napoléon. Cette « morale civique », née au XIXe siècle, devient pour Lebesque une prison idéologique, empêchant la France d’admettre ses erreurs et d’évoluer.
L’article se nourrit d’une ironie cinglante, notamment lorsqu’il décrit l’ »armée victorieuse et victorieuse », proclamée à chaque bataille perdue depuis 1870. Dien Bien Phu est ainsi présenté non pas comme une tragédie isolée mais comme le dernier chapitre d’une longue série d’échecs déguisés en victoires morales. Les soldats français, réduits à des corps mutilés sous les Invalides, deviennent le symbole poignant de ce mensonge national.
Lebesque critique également l’incapacité des généraux à apprendre de leurs erreurs. De Mac-Mahon à Nivelle, de Gamelin à Navarre, tous reproduisent les mêmes fautes stratégiques, tout en glorifiant leurs défaites au nom d’un « Héroïsme » écrit avec un grand « H ». Cette mythification, selon l’auteur, ne fait que masquer une faillite complète de compétence et de lucidité.
L’article se conclut par un portrait sans concession du général Cogny, que Lucien Bodard décrit comme impuissant face au désastre de Dien Bien Phu. Pour Lebesque, cette impuissance symbolise l’échec d’un système militaire trop préoccupé par le maintien de sa propre légende pour se confronter à la réalité.
Avec une plume mordante et un regard lucide, Morvan Lebesque éviscère les récits héroïques qui entourent les défaites militaires françaises. En dénonçant le culte de l’héroïsme et l’aveuglement stratégique, il propose une réflexion toujours pertinente sur la manière dont les nations construisent leurs mythes sur les ruines de leurs erreurs. Un texte puissant, à la fois érudit et implacable.
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