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N° 1799 du Canard Enchaîné – 13 Avril 1955

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À l’Anonyme de MontbrisonArticle de Morvan Lebesque, paru dans Le Canard enchaîné du 13 avril 1955

Dans cet article empreint à la fois de gravité et d’ironie, Morvan Lebesque s’adresse directement à l’un de ses correspondants anonymes, qu’il surnomme « l’Anonyme de Montbrison ». Ce dernier, figure emblématique du « petit peuple » désabusé, écrit régulièrement au journal pour exprimer son ressentiment face aux élites, aux « Malins », et à une société qu’il perçoit comme fondamentalement injuste. Lebesque, tout en répondant à cet homme qu’il semble presque considérer comme un archétype, déconstruit avec finesse les contradictions et les malentendus qui sous-tendent son discours.


1. Le portrait de l’Anonyme de Montbrison : un Français désabusé

L’Anonyme de Montbrison, tel que décrit par Lebesque, est un homme modeste, habité par un mélange de rancune et de résignation. Il se plaint des élites politiques et économiques, qu’il accuse de vivre aux dépens du « petit peuple ». Il raille également Le Canard enchaîné et ses journalistes, qu’il considère complices d’un vaste système de collusion impliquant tout le monde : De Gaulle, Mendès-France, Sartre, Thorez… et même Lebesque lui-même. Pourtant, cet homme achète religieusement chaque semaine le journal, malgré ses maigres moyens.

Lebesque retranscrit les mots crus de cet homme : « Tu me fais tellement rigoler ! », écrit-il, avant de confesser : « Quand je pense que tu gagnes des sommes folles, toi, en nous bourrant le crâne, tandis que moi je n’arrive même pas à bouffer ! » Ces phrases révèlent une haine presque instinctive contre ceux qu’il perçoit comme des privilégiés, même lorsqu’il s’agit de journalistes engagés dans une critique des puissants.


2. Une critique sociale pleine de contradictions

L’Anonyme de Montbrison illustre une vision du monde marquée par le ressentiment et la théorie du complot. Il accuse Le Canard enchaîné de participer à une « Conspiration » universelle orchestrée par les puissants (« les Malins »), tout en continuant de lui accorder sa confiance en achetant le journal chaque semaine. Ce paradoxe n’échappe pas à Lebesque, qui décèle dans cette posture une forme d’auto-aliénation : l’Anonyme semble chercher un exutoire à sa colère sans vouloir réellement remettre en question ses certitudes.

Lebesque, bien qu’il tente de répondre avec empathie, souligne l’absurdité de cette vision du monde où tout serait corrompu, et où le peuple serait irrémédiablement condamné à l’impuissance. Il écrit avec une certaine tristesse : « Les vrais… ils sont bien trop vrais justement. Ils tirent leur chapeau à ceux qui les exploitent. »


3. La société des « Malins » selon Lebesque

Lebesque utilise les griefs de l’Anonyme pour dresser un tableau accablant des inégalités sociales et des mécanismes de domination. Les « Malins », dans son analyse, ne sont pas seulement les politiciens et les riches industriels. Ils incarnent une caste plus large, composée de « trafiquants, médiocres et canailles », qui exploitent les slogans et les valeurs morales pour asseoir leur pouvoir. Ces « Malins » fabriquent une société où les classes populaires, enchaînées à des discours creux et à des promesses de justice, restent au bas de l’échelle.

Mais là où l’Anonyme cède au désespoir et à la haine, Lebesque appelle à un sursaut moral. Il reconnaît les frustrations de son correspondant, tout en le poussant à dépasser sa résignation : « Vous haïssez, et je vous comprends. Mais votre haine ne changera rien. Elle ne fait que vous emprisonner davantage. »


4. Une relation presque fraternelle, teintée de tristesse

L’article se termine sur une note mélancolique. Lebesque, malgré son ironie, semble véritablement touché par l’Anonyme de Montbrison, qu’il décrit comme « un homme qu’on a trompé ». Sa réponse, empreinte de respect et de gravité, reflète une compréhension profonde des frustrations populaires, tout en soulignant les limites d’une colère stérile.

En s’adressant à ce lecteur comme à un « vieux camarade », Lebesque établit un dialogue sincère, mais sans illusion : « Pas trop tard, dis-tu. Mais si, justement. Il est trop tard. » Cette phrase, lourde de résignation, traduit autant le désarroi de l’Anonyme que celui de l’auteur face à une société figée dans ses inégalités et ses mensonges.


Conclusion : un miroir des tensions sociales des années 1950

À travers cet article, Morvan Lebesque ne se contente pas de répondre à un lecteur en particulier. Il dresse le portrait d’un malaise collectif, d’un peuple partagé entre la colère et l’impuissance. L’Anonyme de Montbrison, malgré ses contradictions et son amertume, devient une figure universelle, un symbole de la défiance envers les élites et de l’injustice ressentie au quotidien.

Par sa plume, Lebesque transcende la simple anecdote pour interroger les mécanismes profonds qui maintiennent les « Malins » au sommet, tout en appelant à une forme de révolte lucide et constructive, capable de dépasser la haine et le désespoir.

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