N° 18 du Canard Enchaîné – 1 Novembre 1916
N° 18 du Canard Enchaîné – 1 Novembre 1916
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L’article « LES BOURREURS DE CRANE »
Dans son numéro du 1er novembre 1916, Le Canard enchaîné dénonce les « bourreurs de crâne », ces journalistes qui alimentent l’opinion en récits patriotiques arrangés. L’hebdomadaire épingle Pierre Mille, collaborateur d’Excelsior, accusé de recycler une histoire inventée de toutes pièces… déjà publiée un an plus tôt par Georges de La Fouchardière dans La Liberté. En confrontant les deux textes, le Canard révèle la supercherie et dégonfle la bulle de l’anecdote édifiante. Une démonstration satirique qui s’inscrit dans la mission revendiquée du journal : exposer les faux-semblants de la presse de guerre et traquer les « bobards patriotiques ».
La Marne (1916), par H-P Gassier – Mode masculine, dessin de Pierre Portelette- Comment on fait un article, de John Dubec, illustré par ML Pinel –
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Le 1er novembre 1916, Le Canard enchaîné consacre sa une aux « bourreurs de crâne », expression devenue synonyme des chroniqueurs patriotiques qui, depuis l’arrière, façonnent des récits édifiants pour entretenir le moral. L’hebdomadaire prend ici un exemple précis : Pierre Mille, plume d’Excelsior, qui raconte une petite scène de camp de prisonniers allemands, censée illustrer la nostalgie d’un Boche pour sa patrie.
Problème : cette anecdote n’est pas neuve. Le Canard rappelle qu’elle avait déjà été publiée, quasiment mot pour mot, par Georges de La Fouchardière dans La Liberté en septembre 1915. Mille, un an plus tard, la recycle en l’accommodant à sa sauce. En publiant les deux textes côte à côte, le journal met en lumière une pratique courante : la reprise et l’embellissement d’histoires douteuses, présentées comme authentiques, pour nourrir l’imaginaire patriotique.
L’effet comique naît de la confrontation des textes, mais le propos est sérieux. Depuis sa naissance en juillet, Le Canard s’est donné pour mission de traquer les bobards de guerre, ces récits enjolivés qui nourrissent la propagande. L’affaire Pierre Mille illustre à merveille ce travers : une anecdote inventée devient un fait présenté comme irréfutable, aussitôt recyclé par d’autres journaux.
Derrière la moquerie, le Canard affirme un principe fondateur : « nous ne publierons que des nouvelles fausses »… mais en les annonçant comme telles. Autrement dit, mieux vaut un mensonge avoué qu’un récit mensonger travesti en vérité. En ridiculisant Pierre Mille, le journal s’attaque à un système où la presse dite « sérieuse » devient complice de la manipulation de l’opinion.
Avec ce texte, le palmipède s’installe comme l’ennemi juré du bourrage de crâne. En 1916, alors que Verdun se poursuit et que la propagande bat son plein, cette posture critique offre une respiration salutaire : rappeler aux lecteurs que tout ce qui s’imprime n’est pas parole d’évangile.
Le « bourrage de crâne » (1914-1918)
Origine de l’expression
L’expression « bourrage de crâne » naît pendant la Première Guerre mondiale pour désigner la propagande diffusée par la presse et les discours officiels. Elle reflète le sentiment des poilus et de nombreux lecteurs : on cherche à leur remplir la tête de mensonges, d’exagérations et de récits héroïques destinés à masquer l’horreur du front.
Dans la presse de guerre
De 1914 à 1918, journaux et illustrés multiplient les histoires de victoires éclatantes, de Boches pitoyables et de soldats français héroïques. Ces récits visent à soutenir le moral de l’arrière et à justifier les sacrifices. Mais rapidement, l’écart entre ces récits et l’expérience vécue dans les tranchées devient trop grand : le terme « bourrage de crâne » devient une critique populaire et largement partagée.
Le rôle du Canard enchaîné
Fondé en 1916, le Canard fait du combat contre le bourrage de crâne son marqueur identitaire. Sa devise — « ne publier que des nouvelles fausses » — tourne en dérision la prétendue vérité de la presse sérieuse. L’affaire Pierre Mille, épinglée le 1er novembre 1916, illustre cette mission : dénoncer les anecdotes inventées et montrer comment la presse recycle des bobards en vérités.
Un héritage durable
Après la guerre, l’expression survit et entre dans le langage courant pour désigner toute forme de propagande ou de manipulation médiatique. Le Canard, en reprenant et en caricaturant le terme, contribue à en populariser l’usage et à en faire un symbole de la défiance envers les discours dominants.
ancienne trace d'humidité bien visible sur l'image et présente sur les 4 pages





