N° 1800 du Canard Enchaîné – 20 Avril 1955
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L’article intitulé « À la recherche des responsables de Diên Biên Phu » de R. Tréno, publié dans Le Canard enchaîné du 20 avril 1955, constitue une dénonciation ironique et incisive du traitement des responsabilités liées à la défaite française de Diên Biên Phu. Voici une synthèse et analyse de son contenu, incluant une présentation des acteurs nommés et le ton mordant employé.
L’auteur évoque la création d’une commission d’enquête sur le désastre militaire de Diên Biên Phu, qualifiée de « Commission Cuvette » pour souligner à la fois la géographie du lieu et le ridicule des efforts pour identifier des coupables. Cette commission, comme d’autres précédentes sur la guerre d’Indochine, apparaît avant tout comme un exercice politique dénué de réelle efficacité, davantage orienté vers l’auto-absolution des responsables que vers une recherche sincère de la vérité.
R. Tréno dresse un tableau caustique des figures politiques et militaires impliquées, incluant des noms précis :
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Georges Bidault : Ministre des Affaires étrangères, considéré comme un fervent défenseur de la guerre.
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Jean Letourneau : Ancien ministre chargé de l’Indochine, accusé d’avoir mené une politique désastreuse.
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René Pleven : Ancien ministre, impliqué dans des décisions stratégiques douteuses.
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Maurice Coste-Floret et Emile Bollard : Autres personnalités politiques citées comme ayant participé au fiasco.
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Le général Navarre : Commandant militaire français à Diên Biên Phu, responsable des opérations.
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Thierry d’Argenlieu : Amiral et figure de la politique coloniale en Indochine, caricaturé ici en « amiral-capucin », symbole d’une politique coloniale imprégnée d’hypocrisie et de religiosité.
Ces acteurs sont raillés pour leur gestion désastreuse, mais aussi pour leur rôle dans la manipulation des récits historiques afin de minimiser leurs propres responsabilités.
L’auteur exprime un scepticisme mordant envers cette commission, qualifiée d’« entreprise laborieuse », destinée à disculper les coupables désignés et à offrir une forme de catharsis publique. Tréno insiste sur le fait que la commission a peu de chances d’aboutir à une véritable justice, notamment en raison de son manque d’indépendance et de l’omniprésence de conflits d’intérêts.
Un élément marquant de l’article réside dans l’élargissement de la responsabilité. Tréno ne se contente pas de pointer les dirigeants, mais interpelle également le peuple français :
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Les citoyens sont accusés d’avoir accepté passivement la guerre et les dépenses massives qu’elle impliquait.
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Il critique leur soutien continu, par les urnes, aux partis favorables à la guerre, comme le M.R.P. (Mouvement Républicain Populaire), en dépit des échecs flagrants.
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Cette dénonciation s’achève sur une formule sarcastique : « Le grand coupable, c’est le peuple français. Il mérite le maximum : dix ans de Bidault. »
L’article est accompagné de caricatures percutantes, notamment une illustration où le peloton d’exécution symbolique inclut des figures telles que Letourneau, Bidault, et Navarre. L’humour noir et les jeux de mots renforcent le ton acide et satirique de l’article.
R. Tréno signe ici une critique sans concession de la guerre d’Indochine et des mécanismes politiques qui l’ont soutenue. En multipliant les cibles (politiques, militaires, citoyens), il dénonce une hypocrisie généralisée et un refus collectif d’assumer les échecs. L’article reflète bien la posture du Canard enchaîné : un journal satirique engagé, refusant de céder à la complaisance ou à la peur de nommer les responsables.
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