N° 1819 du Canard Enchaîné – 31 Août 1955
N° 1819 du Canard Enchaîné – 31 Août 1955
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Cet article intitulé « Intellectuels ! », signé par Morvan Lebesque et publié dans Le Canard enchaîné du 31 août 1955, est une réflexion incisive sur le rôle des intellectuels dans les débats politiques et sociaux, notamment en lien avec les crises dans les colonies françaises comme l’Indochine et le Maroc.
Lebesque s’appuie sur une lettre-manifeste adressée à Edgar Faure par l’Association des Anciens d’Indochine, dénonçant les politiques de répression au Maroc et appelant à un changement radical. Ce texte sert de point de départ à une critique plus vaste, mêlant ironie et gravité, sur la perception et les responsabilités des intellectuels dans les crises historiques.
L’article évoque d’abord l’accusation fréquente selon laquelle les intellectuels seraient à l’origine des désastres, citant des épisodes historiques comme la défaite de Sedan ou la célébration d’actions réactionnaires en 1940. Cette ironie mordante souligne un paradoxe : les intellectuels, bien qu’accusés d’irresponsabilité, sont aussi les seuls à s’engager contre les dérives du pouvoir. Lebesque loue le courage des anciens d’Indochine qui, malgré leur silence passé, dénoncent désormais les politiques injustes, et il en appelle à une définition plus humaine et pragmatique de l’intellectuel.
Dans une partie centrale, il tente de définir ce que signifie être un intellectuel. Selon lui, un véritable intellectuel ne perd jamais de vue la réalité humaine. Il insiste sur la nécessité de voir, dans toute situation, un être humain avec ses complexités, au-delà des chiffres ou des abstractions. L’intellectuel, écrit-il, doit savoir « regarder un homme en face », qu’il soit Marocain ou autre, sans le réduire à une fonction ou un symbole.
Enfin, Lebesque introduit le concept de « compromis », qu’il illustre en le comparant à l’usage qu’en font les Anglais. Ce mot, souvent perçu en France comme une faiblesse, est au contraire, selon lui, une marque de pragmatisme et de respect mutuel. Ce pragmatisme contraste avec l’attitude française, qu’il juge rigide et enfermée dans des idéaux figés, incapables de prévenir les violences et les drames comme ceux survenus en Indochine ou menaçant au Maroc.
L’article se conclut par une critique implicite de l’incapacité française à résoudre les conflits coloniaux par le dialogue et la négociation, contrastant avec la stabilité apparente des anciennes colonies britanniques. Lebesque invite à réfléchir sur l’urgence d’une approche plus humaine et intellectuelle des problèmes, loin des solutions militaires et autoritaires.
Avec ce texte, Morvan Lebesque démontre une fois encore sa capacité à aborder des sujets complexes avec finesse et profondeur, tout en interpellant directement ses lecteurs sur leur propre responsabilité dans la société.
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