N° 1835 du Canard Enchaîné – 21 Décembre 1955
N° 1835 du Canard Enchaîné – 21 Décembre 1955
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L’article, intitulé « Salade niçoise et bouillabaisse varoise« , est signé Pierre Rocher, pseudonyme probable de Pierre Laroche. Il nous plonge dans la tambouille électorale de la Côte d’Azur, théâtre où se croisent ambitions, rivalités et manigances. Entre Nice et Toulon, le scrutin législatif s’annonce comme un combat d’arrière-cuisine où s’étripent « les cinq grands » : Jean Médecin, Corniglion-Molinier, Hugues, Dassault et Olmi. À Nice, le Canard ne manque pas de railler les alliances de circonstances et l’absence de programme, préférant s’amuser des querelles de clocher. Ainsi, Jean Médecin, à qui l’on reproche sa « belle prestance » mais peu de convictions, croise le fer avec Hugues, dont l’intransigeance confine au grotesque. L’article prend une teinte particulièrement mordante lorsqu’il évoque la « promenade des pompes funèbres » du M.R.P., parti dont les succès électoraux sont comparés au cortège de mousquetaires sans créneaux.
La campagne n’est pas moins vive à Toulon où Saint-Just Bouinin, un leader socialiste, semble tiraillé entre espoirs communistes et risques de déroute. La satire culmine avec les propos ironiques sur Dieu candidat, incarné par des figures locales aussi sérieuses que fantaisistes, dont la rhétorique emprunte à la prédication divine. L’image est limpide : dans ce Sud-Est en pleine effervescence, les ambitions électorales sont noyées dans une soupe où s’entremêlent arrangements, querelles et grotesque.
Un second article, « Les ennuis du général-maire », est signé d’un « petit caneton », auteur anonyme mais dont le style incisif est fidèle à la plume du Canard. Cette fois, direction Bordeaux, où Jacques Chaban-Delmas, le « général-maire », se retrouve en pleine tempête politique. On y suit une joute électorale presque vaudevillesque entre Chaban-Delmas et son rival Brun, président du Conseil général. Le « petit caneton » relate avec humour l’échange houleux entre les deux hommes, où Brun, outragé, refuse de retirer sa candidature, malgré les injonctions véhémentes du général.
Le récit prend un ton franchement comique lorsque Chaban-Delmas, en proie à la colère, dépêche un lieutenant pour « ramener à la raison » un autre candidat, Seynat, visiblement pris entre deux feux. Avec une ironie mordante, l’article moque les coulisses du pouvoir bordelais, où l’on « décroche le téléphone » pour sauver la face, tandis que des tracteurs agricoles deviennent malgré eux des instruments de pression électorale. Le « Canard » s’amuse du spectacle d’une campagne où la dignité laisse place aux injures, aux pressions et aux coups de théâtre.
En définitive, ce « vaudeville politique » met en lumière les travers d’une scène électorale où manœuvres, colère et ego se disputent la vedette. Si la conclusion est à peine voilée, elle renforce l’idée que, même pour un général aguerri, la politique reste un champ de bataille aux règles bien particulières. Deux articles qui, chacun à leur manière, illustrent la capacité du Canard enchaîné à dépeindre la comédie politique française avec verve et une plume acérée, qu’il s’agisse de la Côte d’Azur ou de Bordeaux.
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