N° 1843 du Canard Enchaîné – 15 Février 1956
N° 1843 du Canard Enchaîné – 15 Février 1956
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L’article de Pierre Laroche dans Le Canard enchaîné du 15 février 1956, intitulé L’insurrection n’est pas la guerre !, s’inscrit dans un contexte brûlant : celui de la guerre d’Algérie qui ne dit pas encore son nom, mais qui s’enracine jour après jour. Fidèle à son style ironique et mordant, Laroche dépeint un tableau où l’absurde le dispute à la tragédie.
Le ton est donné dès l’ouverture : Guy Mollet et son « plan Monnet » pour résoudre l’insurrection sont ridiculisés. Laroche ne manque pas de souligner l’ironie mordante d’un tel projet en rappelant l’échec de l’industrie française à maintenir une entreprise de faïence en Algérie, fermée après avoir été étranglée par des pratiques économiques absurdes. Cette anecdote illustre avec amertume l’incohérence des politiques françaises en territoire colonial, oscillant entre une vision paternaliste et une exploitation féroce.
Laroche tourne en dérision les efforts militaires et politiques français. L’opération Bourricot, où des ânes sont mobilisés pour transporter des armes, devient un symbole presque burlesque de la guerre : des bourricots qui avancent en silence alors que le reste de l’administration française patauge dans le chaos. L’auteur dénonce, avec son habituel humour grinçant, l’écart abyssal entre le terrain et la vision stratégique depuis Paris.
Les petites anecdotes locales – le professeur d’allemand accusé de faire de la propagande anticléricale pour une phrase tirée d’un manuel scolaire ou encore la fatmah, victime des préjugés racistes de son employeur – viennent compléter ce portrait désabusé. Ces instantanés sont révélateurs des tensions sociales et des absurdités quotidiennes qui gangrènent la colonie.
Enfin, Laroche clôt son article avec une image saisissante : un géologue, fataliste, imagine l’Algérie disparaissant sous le sable du désert. Cette vision, en apparence anodine, est un écho à l’impuissance et au sentiment d’inéluctable qui semble habiter chaque paragraphe.
Dans cet article, Pierre Laroche ne se contente pas de rapporter des faits : il leur donne une résonance sarcastique, dénonçant les incohérences d’une administration coloniale à bout de souffle. Un texte à la fois incisif et empreint d’une sombre lucidité.
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