N° 1855 du Canard Enchaîné – 9 Mai 1956
N° 1855 du Canard Enchaîné – 9 Mai 1956
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L’article intitulé « Nous avons tous bonne mine ! », publié dans Le Canard enchaîné du 9 mai 1956 et signé « Jérôme Canard », reflète l’ironie acerbe et la profonde inquiétude qui caractérisaient les critiques de la rédaction face à la guerre d’Algérie et à ses dérives. Ce texte est un réquisitoire à plusieurs niveaux, mêlant une dénonciation du cynisme des discours officiels à une empathie lucide pour les jeunes embarqués malgré eux dans ce conflit.
L’auteur s’appuie sur le cas de Bernard Pradier, étudiant de la faculté des lettres de Paris, rappelé en Algérie à quelques semaines de ses examens. À travers cet exemple individuel, il souligne la fracture entre la jeunesse française sacrifiée au service d’un idéal colonial et les réalités tragiques d’un conflit qui ne dit pas encore son nom. L’expression répétée « bonne mine » devient un refrain mordant, renvoyant à l’ironie désespérée d’un contexte où personne, du gouvernement aux citoyens, ne peut prétendre en avoir réellement.
L’article souligne aussi l’absurdité des proclamations officielles de liberté, égalité, fraternité, opposées au ressentiment et au mépris croissants qu’elles suscitent sur le terrain. Ce contraste est puissamment illustré par la citation cinglante d’un lycéen musulman, blessé par le racisme quotidien auquel il est confronté : « Toi, le melon, assis ! », lui lance un professeur devant ses camarades. Ce témoignage met en lumière une jeunesse algérienne déchirée entre l’amour d’une France idéalisée et une réalité d’humiliation constante. L’article, sans jamais perdre son ton mordant, tire la sonnette d’alarme : ce mépris ne fait qu’enflammer la colère et pousser certains jeunes à prendre les armes.
Enfin, Jérôme Canard interpelle directement le gouvernement de Guy Mollet, l’exhortant à agir pour désamorcer cette poudrière sociale et politique, faute de quoi la situation risque de dégénérer en tragédie. Il met en garde contre deux perspectives : soit une nuit révolutionnaire du 4 août – qui évoquerait une libération symbolique et utopique –, soit une Saint-Barthélemy, synonyme de massacre et de rupture définitive.
Cet article témoigne d’un Canard enchaîné fidèle à son rôle de vigie critique, combinant satire et analyse politique pour dévoiler les hypocrisies et les tensions d’une époque troublée. Jérôme Canard, sous son pseudonyme, incarne ici une plume à la fois engagée et implacable, interrogeant l’avenir incertain d’une Algérie à la croisée des chemins.
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