N° 1858 du Canard Enchaîné – 30 Mai 1956
N° 1858 du Canard Enchaîné – 30 Mai 1956
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L’article « Sursum Corda et bas les masques ! » de R. Tréno, publié dans Le Canard enchaîné du 30 mai 1956, s’inscrit dans une critique acerbe et sans concession du contexte politique et social français au cœur de la guerre d’Algérie. Fidèle à son style tranchant, Tréno éreinte les grandes figures de l’époque, les structures du pouvoir et les discours grandiloquents qui masquent mal la complexité et les contradictions de la situation.
Le texte s’ouvre sur une statistique fictive, ironisant sur les « bons Français » qui seraient une poignée, face aux « traîtres avérés » et autres « suspects » qui composeraient le reste de la population. Ce point de départ offre une caricature amère de la polarisation politique et de l’atmosphère de suspicion généralisée qui régnait dans les années 1950. Tréno tourne ensuite son attention vers l’avocat et homme politique Tixier-Vignancour, dont il raille l’exhortation à relever les « drapeaux malheureux ». L’auteur ne manque pas de souligner le décalage entre ces envolées patriotiques et leur opportunisme, les inscrivant dans une tradition de récupération politique.
Tréno poursuit en ridiculisant les grandes figures du conservatisme et leurs alliés dans la presse et l’industrie. Il évoque avec sarcasme un défilé imaginaire de patriotes exaltés, rassemblant Duchet, Lafay ou encore Poujade, des noms familiers à l’époque, symboles d’un certain nationalisme. L’image de ces personnages marchant au son d’une fanfare burlesque souligne l’absurdité des postures qu’ils adoptent face à une guerre dont ils ne semblent pas mesurer les implications réelles.
L’article s’attaque également à la stigmatisation des intellectuels ou militants libéraux, représentés ici par M. de Maisonseul, accusé de « complicité avec l’ennemi » pour avoir entretenu des relations pacifiques avec des musulmans. Cette dénonciation rappelle le climat de censure et d’intimidation qui pesait sur ceux qui prônaient une résolution pacifique et juste du conflit.
En conclusion, Tréno élève sa critique au niveau des institutions et des dirigeants, dénonçant leur incapacité à nettoyer leurs propres « écuries d’Augias ». Il lie ce constat à une satire féroce des références récurrentes à Clemenceau, récupérées par ceux-là mêmes qui trahissent ses idéaux.
Avec ce texte, R. Tréno livre une dénonciation cinglante et lucide de l’hypocrisie et des travers d’un système qui préfère les illusions héroïques aux réalités tragiques. Son ironie acérée et ses métaphores riches mettent en lumière les absurdités d’une époque troublée, tout en appelant à une prise de conscience collective.
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