N° 1859 du Canard Enchaîné – 6 Juin 1956
N° 1859 du Canard Enchaîné – 6 Juin 1956
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L’article signé R. Tréno, intitulé « Allez au diable avec votre Clemenceau ! », publié dans Le Canard enchaîné du 6 juin 1956, constitue une charge virulente contre l’invocation obsessionnelle de la figure de Georges Clemenceau par certains courants politiques de l’époque.
Tréno commence par dresser le portrait d’un Clemenceau mythifié, vidé de sa substance et utilisé comme un étendard par des groupes qu’il qualifie de réactionnaires. À l’inverse, l’auteur fait revivre un Clemenceau plus complexe : celui de l’affaire Dreyfus, l’anarchiste indiscipliné, bien loin de l’image figée et héroïsée qu’en retiennent ses adeptes. En confrontant ces deux visions, Tréno pointe l’hypocrisie des conservateurs qui glorifient un Clemenceau devenu un « homme de glace », alors qu’ils auraient, en son temps, condamné ses prises de position progressistes.
L’article revient également sur des épisodes moins reluisants de la carrière de Clemenceau, comme les ordres donnés pour réprimer la manifestation des anciens combattants le 1er mai 1919. Ce souvenir sert à mettre en lumière une constance dans les dérives autoritaires de l’État, une critique que Tréno relie habilement à l’actualité de l’Algérie. Le parallèle entre les répressions de Clemenceau et la gestion de la guerre d’Algérie montre comment l’histoire se répète, avec la même violence institutionnalisée.
Avec son style inimitable mêlant verve acérée et références historiques, Tréno ne se contente pas de critiquer l’instrumentalisation du passé. Il pointe également les responsabilités actuelles, notamment le sort réservé à Albert Camus, suspecté pour ses engagements pacifistes. En fustigeant cette « clémence aiguë » qui étouffe tout élan d’humanité, Tréno dénonce une France incapable de dépasser ses vieux démons nationalistes et colonialistes.
Au-delà de la satire, cet article est un appel à se méfier des figures mythologiques qu’on ressuscite pour justifier l’injustifiable. Tréno montre, une fois encore, que le Canard enchaîné sait conjuguer mémoire et critique contemporaine pour éclairer les enjeux du présent.
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