N° 1868 du Canard Enchaîné – 8 Août 1956
N° 1868 du Canard Enchaîné – 8 Août 1956
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L’article « Mourir pour derricks? » signé R. Tréno dans Le Canard enchaîné du 8 août 1956 est une dénonciation ironique et cinglante des ambitions françaises et britanniques autour du pétrole et du canal de Suez. Dans un style mordant, R. Tréno s’en prend aux logiques impérialistes et aux discours officiels, tout en questionnant le coût humain de ces aventures géopolitiques.
L’auteur commence par une phrase percutante : « On propose aux Français de mourir pour la Shell ! » Cette exclamation donne immédiatement le ton : une critique des manipulations politiques déguisées en patriotisme. Il pointe l’absurdité d’un conflit où la protection des intérêts pétroliers britanniques est maquillée en enjeu national. Les propos de l’auteur visent aussi les figures politiques françaises, notamment Bidault et Guy Mollet, qu’il accuse de jouer les boutefeux tout en masquant la vraie nature du conflit.
Tréno dissèque également les arguments officiels. Le débat sur la nationalisation du canal par Nasser, présenté comme une menace mondiale, est raillé comme une diversion. Il rappelle que cette nationalisation n’a pas véritablement entravé la liberté de circulation, sauf pour les bateaux israéliens, boycotts qui ne choquaient personne depuis des années. Quant à l’idée d’internationalisation du canal, Tréno souligne son absurdité, évoquant avec sarcasme l’incohérence de vouloir imposer cette solution tout en omettant Gibraltar ou Panama.
L’article prend une tournure plus large en analysant les raisons stratégiques sous-jacentes au conflit. L’auteur met en lumière les jeux d’influence entre les États-Unis, l’Union soviétique et l’Angleterre au Moyen-Orient. Il déplore l’ignorance des Français face aux puissances des trusts pétroliers et aux campagnes publicitaires qui masquent leurs manœuvres géopolitiques. Ce passage donne à l’article une profondeur qui dépasse la seule actualité immédiate, posant des questions fondamentales sur le rôle de l’énergie dans les relations internationales.
Enfin, Tréno conclut avec une formule lapidaire : « Mourir pour Suez, personne n’y songe en France. Alors, mourir pour la Shell ou pour B.P. ? Merci du peu. » Cette phrase résume l’essence de son propos : une dénonciation des sacrifices humains exigés pour des intérêts économiques et géopolitiques éloignés des préoccupations des citoyens.
L’article brille par sa capacité à conjuguer ironie et analyse politique, tout en dénonçant les contradictions et hypocrisies des dirigeants de l’époque. Il reste un témoignage percutant d’une époque où Le Canard enchaîné faisait office de vigie face aux dérives du pouvoir.
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