N° 1876 du Canard Enchaîné – 3 Octobre 1956
N° 1876 du Canard Enchaîné – 3 Octobre 1956
39,00 €
En stock
L’article « Belle mentalité » de R. Tréno, publié dans Le Canard enchaîné du 3 octobre 1956, offre une charge cinglante contre l’indifférence générale face à des événements tragiques, qu’il s’agisse de violences commises en Algérie ou de discriminations aux États-Unis. Avec son ironie mordante, Tréno pointe du doigt une société qui semble blasée face à l’inhumanité, tout en dénonçant le rôle de la presse dans ce désintérêt.
L’article s’ouvre sur un contraste saisissant entre l’indignation manifestée par le jeune Philippe Bouvard dans Le Figaro pour des accidents de la route et le silence assourdissant entourant des faits autrement plus graves, comme les tortures pratiquées par la DST à Oran. Tréno mentionne Gabrielle Gimenez, résistante torturée en 1940, qui affirme que les méthodes utilisées alors étaient moins brutales que celles employées récemment en Algérie. Ces révélations glaçantes sont juxtaposées à l’apathie ambiante, symbolisée par l’absence de réaction des journaux, que Tréno n’hésite pas à qualifier d’aveugles ou complices.
La critique s’étend à la société américaine, avec l’exemple choquant d’une infirmière blanche licenciée en Floride pour avoir partagé un repas avec une collègue noire. L’auteur ironise sur l’impossibilité pour Abraham Lincoln, figure mythique de l’émancipation, d’accéder à la Maison-Blanche dans un tel contexte. Tréno mêle habilement satire et colère pour souligner la persistance du racisme et des inégalités.
Enfin, l’article culmine avec une critique acerbe de l’exploitation de la violence pour le divertissement. Tréno cite la publicité grotesque d’un film intitulé L’Héroïque lieutenant, où la brutalité et le chaos sont vendus comme des attraits. Il dénonce cette fascination malsaine pour la violence, concluant sur une note sombre : les foules se pressent dans les cinémas « pour y jouir », bercées par un air de « rock and roll ». Une conclusion qui résonne comme un triste miroir de la société.
À travers ce texte, R. Tréno montre une fois de plus sa maîtrise de l’ironie pour dénoncer l’hypocrisie et le manque de conscience morale de ses contemporains. Un texte aussi percutant que nécessaire.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock