N° 188 du Canard Enchaîné – 4 Février 1920
N° 188 du Canard Enchaîné – 4 Février 1920
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Le pain à vingt sous … Sans beurre naturellement
À travers la presse enchaînée
Le Canard observe ses confrères
Le 4 février 1920, Le Canard enchaîné publie une rubrique au titre révélateur : « À travers la presse enchaînée ». En moquant ses confrères, le journal rappelle que la censure, la complaisance et les conventions continuent d’entraver l’information, même en temps de paix. Le jeu de mots avec son propre titre souligne l’idée : si le Canard revendique ses chaînes comme une posture satirique, d’autres journaux les portent sans même s’en rendre compte. Une critique mordante de la presse conformiste, qui préfère servir le pouvoir plutôt que de l’inquiéter.
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Une presse enchaînée face à un Canard libre
Quand l’hebdomadaire satirique se distingue du troupeau
Le 4 février 1920, Le Canard enchaîné choisit de tourner son regard vers ses confrères. Dans « À travers la presse enchaînée », le journal satirique dresse un tableau moqueur du paysage médiatique français. Le titre lui-même résume la posture : là où le Canard assume, avec humour, son propre « enchaînement » aux contraintes de la satire et de la censure, les autres journaux apparaissent comme ligotés par leurs dépendances politiques, économiques et idéologiques.
La rubrique, construite comme une revue de presse ironique, épingle les contradictions, les exagérations et les ridicules des grands titres de l’époque. On y décèle un fil conducteur : la tendance de la presse traditionnelle à se faire l’écho servile du pouvoir. Là où l’on attend de l’indépendance, on trouve souvent du conformisme. Là où l’on espère de la critique, on ne lit que des louanges.
Le jeu de mots entre « enchaîné » et « déchaîné » sert ici de pivot satirique. Le Canard se présente comme un hebdomadaire lucide, conscient de ses limites, mais refusant la complaisance. À l’inverse, ses confrères sont « enchaînés » non par nécessité, mais par choix, par soumission à des logiques d’intérêt. Cette inversion fait tout le sel de la rubrique : le véritable journal libre est celui qui se reconnaît comme limité, mais qui garde l’esprit critique intact.
Dans le contexte de 1920, cette posture est particulièrement importante. La presse sort de la guerre marquée par des années de censure et d’unanimisme patriotique. Beaucoup de journaux peinent à retrouver une voix indépendante. Le Canard, en revanche, s’impose comme l’espace où l’on rit de tout, y compris des journalistes eux-mêmes. Cette critique des confrères participe à construire son identité : non pas un journal « comme les autres », mais un miroir ironique de tout le système médiatique.
Avec « À travers la presse enchaînée », l’hebdomadaire démontre qu’il ne se contente pas d’attaquer les politiciens et les généraux. Il n’épargne pas non plus ses pairs, rappelant que la liberté de la presse n’a de sens que si elle s’exerce contre les pouvoirs établis — qu’ils soient politiques, militaires, ou médiatiques.





