N° 1883 du Canard Enchaîné – 21 Novembre 1956
N° 1883 du Canard Enchaîné – 21 Novembre 1956
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L’article anonyme intitulé « Port-Saïd : choses vues » publié dans Le Canard enchaîné du 21 novembre 1956 offre un témoignage poignant sur les événements tragiques de Port-Saïd, lors de l’expédition franco-britannique pendant la crise de Suez. En dénonçant la propagande officielle, l’auteur met en lumière les réalités brutales sur le terrain.
L’article débute par une critique acerbe des affirmations des dirigeants français et britanniques, notamment de Guy Mollet et Anthony Eden, qui présentaient l’intervention à Port-Saïd comme une opération « humanitaire ». Cette rhétorique est rapidement démentie par les images et les récits qui commencent à filtrer. La médina de Port-Saïd, dit-on, n’est plus qu’un champ de ruines, comparable à une « place de la Concorde » réduite en cendres. Les descriptions des bombardements, effectués le 6 novembre par l’aviation française, évoquent un carnage insoutenable, avec des quartiers entiers carbonisés et des milliers de civils pris au piège.
Les témoignages poignants recueillis par l’article peignent un tableau d’horreur : 2 500 blessés agonisant dans des conditions inhumaines à l’hôpital transformé en mouroir, des corps entassés jusque dans les couloirs, et une ville en proie à la famine et aux pillages. La répression, menée par les forces britanniques, s’avère tout aussi implacable, avec des chars tirant à bout portant sur des foules affamées et des scènes de violence autour des stocks de vivres.
L’auteur ne se contente pas de dénoncer les faits ; il s’interroge également sur la manière dont les puissances occidentales justifient de telles atrocités au nom de valeurs universelles. L’évocation du contraste entre les quêtes organisées en Allemagne pour les victimes de Budapest et de Port-Saïd souligne l’hypocrisie perçue des démocraties occidentales, incapables de distinguer les nuances entre ces deux tragédies.
Enfin, l’article conclut avec une condamnation cinglante des actions militaires et des discours qui les accompagnent. La phrase récurrente, « Seules les victimes ne sont pas même de saisir la nuance », rappelle l’absurdité de la guerre et la déconnexion des dirigeants avec les réalités humaines des conflits qu’ils orchestrent.
Cet article s’inscrit dans un contexte de crise mondiale où, sur fond de Guerre froide, les grandes puissances rivalisent pour le contrôle des ressources et des territoires stratégiques. Port-Saïd devient ici le symbole d’une politique internationale marquée par la brutalité et le mépris des vies humaines. Le Canard enchaîné y trouve une fois de plus une occasion d’exercer son rôle de contre-pouvoir, en dévoilant ce que d’autres préfèrent taire.
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