N° 1891 du Canard Enchaîné – 16 Janvier 1957
N° 1891 du Canard Enchaîné – 16 Janvier 1957
39,00 €
En stock
« Mac contre Rab, ou : quand la reine descend dans l’arène », publié dans Le Canard Enchaîné du 16 janvier 1957. Cet article, qui semble signé d’un envoyé spécial à Londres, revient sur le changement de Premier ministre britannique à la suite de la crise de Suez. Harold Macmillan, successeur d’Anthony Eden, prend les rênes d’un Royaume-Uni en pleine tourmente politique et économique, tandis que l’opposition travailliste, menée par Hugh Gaitskell, s’anime avec un mélange de rivalités et d’ambiguïtés internes.
L’article commence par rappeler le contexte délicat de la nomination de Macmillan, qui succède à Eden après l’échec cuisant de l’expédition de Suez. Ce désastre diplomatique, militaire et économique a ébranlé la stature internationale du Royaume-Uni et précipité le départ d’Eden. Mais cette succession s’accompagne de débats animés au sein du cabinet, notamment autour de Richard Austen Butler, dit « Rab », que beaucoup voyaient comme le successeur naturel.
La rivalité entre Macmillan et Butler est comparée à un duel théâtral, où chacun tire les ficelles pour consolider son camp. Le Canard illustre cette lutte en soulignant l’ironie de voir les aristocrates tories s’accrocher à leurs privilèges tout en cherchant à colmater les brèches d’un empire en déclin. La reine, en arbitre silencieux mais influent, apparaît comme une figure symbolique, garante d’une stabilité institutionnelle fragile.
Du côté travailliste, l’article met en scène le contraste entre Gaitskell, chef du Labour Party, et Aneurin Bevan, figure iconique du socialisme gallois. Bevan, défenseur d’une ligne dure et critique farouche de la droite, s’oppose souvent à Gaitskell, jugé plus modéré. Le Canard dépeint avec humour ces tensions internes, qualifiant Bevan de « Gaitskell-le-moi », un sobriquet qui souligne son opposition systématique mais aussi son rôle essentiel comme contrepoids idéologique.
Avec ses caricatures et ses jeux de mots, Le Canard prend plaisir à souligner l’hypocrisie et les absurdités du jeu politique britannique. La caricature montre Macmillan prêtant serment d’allégeance à la reine, mais entouré de sacs d’argent marqués « dollars », symbole de la dépendance croissante du Royaume-Uni envers les États-Unis. Ce clin d’œil satirique reflète la perte d’indépendance économique et politique du pays après la crise de Suez.
L’article va au-delà du simple récit des intrigues britanniques pour mettre en lumière les répercussions de la crise de Suez sur l’ordre mondial. La fragilité de l’Empire britannique et les tensions internes au Labour Party montrent à quel point les bouleversements géopolitiques du moment influencent les politiques nationales.
Dans son style caractéristique, Le Canard Enchaîné dépeint les grands de ce monde avec une ironie mordante, révélant les failles d’un système qui vacille entre traditions monarchiques et réalités d’un monde post-colonial.
Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix
En stock