N° 190 du Canard Enchaîné – 18 Février 1920
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18 février 1920 : faut-il “remettre ça” ?
Le Canard raille l’obsession guerrière
Dans son numéro du 18 février 1920, Le Canard enchaîné publie en une un texte signé Victor Snell : « Remettre ça ». Le titre, en apparence anodin, renvoie à une inquiétude profonde : l’idée que la paix de Versailles n’ait pas clos les ambitions militaires. Snell ironise sur la tentation de replonger, comme si la guerre devenait un réflexe national. Dans une France encore marquée par les deuils et les ruines, la satire du Canard dénonce ces discours belliqueux qui semblent déjà préparer le terrain d’un nouveau conflit.
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Quand la paix ressemble à une répétition
Victor Snell et la peur du retour des armes
Le 18 février 1920, en une du Canard enchaîné, Victor Snell signe un article au titre révélateur : « Remettre ça ». L’expression, familière et légère, évoque habituellement une tournée de bistrot ou une partie de cartes. Mais replacée dans le contexte de l’après-guerre, elle prend une résonance inquiétante : et si, à peine la paix signée, certains pensaient déjà à « remettre ça », c’est-à-dire à replonger dans la logique guerrière ?
Snell joue précisément sur ce contraste entre le registre populaire et la gravité du sujet. L’effet comique provient du décalage : la guerre, qui a coûté des millions de vies, est traitée comme un simple jeu dont on pourrait demander une « revanche ». Mais derrière l’humour, la critique est sérieuse. Elle vise les discours revanchards qui circulent en Europe, aussi bien du côté des vaincus que des vainqueurs. En Allemagne, le ressentiment contre Versailles est déjà palpable. En France, certains nationalistes n’hésitent pas à réclamer vigilance et fermeté, dans un ton qui confine parfois à l’appel à de nouvelles hostilités.
Le Canard enchaîné, par la plume de Snell, s’amuse de cette absurdité. Après quatre ans de carnage, comment peut-on seulement envisager de « recommencer » ? L’ironie pointe l’amnésie des élites, prêtes à se lancer dans de nouvelles surenchères diplomatiques et militaires, alors que le pays peine à se reconstruire.
Le choix du titre, « Remettre ça », illustre bien la stratégie du Canard. Plutôt que de disserter longuement sur les dangers de la revanche, il suffit d’une formule pour résumer le ridicule et le danger de cette attitude. Le lecteur comprend immédiatement que la paix reste fragile, menacée par des réflexes de guerre jamais complètement dissipés.
Cet article s’inscrit dans la continuité de la ligne critique du journal depuis l’armistice : rappeler que la victoire militaire ne garantit pas la paix civile, et que l’obsession du conflit peut renaître à tout moment. En feignant la légèreté, Snell met en garde contre une lourde menace : le risque de transformer la « der des der » en simple épisode d’une guerre sans fin.





