N° 1905 du Canard Enchaîné – 24 Avril 1957
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« Lettre absurde à un chef du F.L.N. » par R. Tréno – Le Canard Enchaîné, 24 avril 1957
Sous le titre provocateur et ironique de « Lettre absurde à un chef du F.L.N. », R. Tréno livre une réflexion mordante sur la guerre d’Algérie et ses contradictions morales. L’article s’adresse directement à un dirigeant du Front de Libération Nationale (F.L.N.), adoptant un ton à la fois sarcastique et accusateur, tout en se positionnant comme un miroir des ambiguïtés de la société française de l’époque.
Tréno évoque d’abord la fracture morale qui déchire la France, comparant cette crise à l’affaire Dreyfus, un autre moment de division historique nationale. Dans un élan d’humour noir, il souligne les parallèles entre « les proximités et les antisémities », rappelant que les Arabes, comme les Juifs autrefois, sont victimes d’une catégorisation simpliste et déshumanisante.
Dans son style habituel, Tréno ne manque pas de railler la propagande du F.L.N. Il s’interroge sur la manière dont les actions violentes, telles que les attentats aveugles dans des lieux publics, pourraient être défendues moralement. L’ironie acerbe s’accompagne toutefois d’un appel à la responsabilité, tant chez les leaders du F.L.N. que chez les Français dénonçant la torture ou les abus de leurs propres troupes.
L’auteur formule aussi une demande explicite : celle d’une condamnation claire, au sein du F.L.N., de certains actes pouvant difficilement passer pour des « actes de guerre ». En pointant l’absence de figures de conscience au sein du mouvement indépendantiste – à l’image des intellectuels français tels que Mauriac ou Lanza del Vasto –, il rappelle que la guerre ne peut être excusée par une simple logique de « la fin justifie les moyens ».
La conclusion, cinglante, laisse planer une critique sur l’exploitation des ressources, notamment le pétrole, comme le véritable moteur des conflits. Tréno souligne que, dans cette lutte d’intérêts, c’est bien l’or noir qui décide, et non les idéaux brandis par les protagonistes. Avec un pessimisme lucide, il anticipe que c’est ce même pétrole qui finira par dévorer ses prétendants.
Contexte historique
Publié au cœur de la guerre d’Algérie (1954-1962), cet article s’inscrit dans un moment de tension accrue. L’année 1957 est marquée par la bataille d’Alger, durant laquelle les méthodes brutales employées par l’armée française, notamment la torture, suscitent de vives critiques, tant en France qu’à l’étranger. En parallèle, le F.L.N. mène une guerre asymétrique, ponctuée d’attentats ciblant civils et militaires, ajoutant à la polarisation des opinions publiques.
Tréno, fidèle à l’esprit du Canard Enchaîné, n’hésite pas à mêler satire et analyse politique pour mettre en lumière les hypocrisies et les enjeux sous-jacents du conflit. L’évocation du pétrole comme fil conducteur est particulièrement pertinente, soulignant les intérêts économiques stratégiques dissimulés derrière les discours officiels de part et d’autre.
Cet article est une pièce maîtresse du débat intellectuel de l’époque, appelant à une introspection collective sur les choix moraux et politiques face à un conflit complexe, dont les répercussions continuent d’habiter la mémoire franco-algérienne.
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