N° 1980 du Canard Enchaîné – 1 Octobre 1958
N° 1980 du Canard Enchaîné – 1 Octobre 1958
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Prière au grand saint Charles, par R. Tréno
Le 1er octobre 1958, Le Canard ne se met pas à genoux devant de Gaulle : il se moque de ceux qui le font. Dans une « prière » corrosive, R. Tréno élève le Général au rang de saint, mais rappelle qu’avec ses pleins pouvoirs, il n’aura plus d’excuses. Finir la guerre d’Algérie, défier les milliardaires, bâtir écoles et logements… ou passer pour le « plus grand mystificateur de l’Histoire ».
👉 Dans La mare aux canards, redécouvrez cette page où l’ironie fait office de contre-pouvoir.
Sur la même page, Henri Monier rédige un burlesque « petit Testament de Marianne », en forme d’adieu à la IVe – « De Gaulle, protégez-nous de de Gaulle ! », dessin de Lap
Un des derniers « Grambert » – Caricature de Jeanne Moreau par Grambert, et hommage après sa disparition.
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Le 1er octobre 1958, Le Canard enchaîné publie un éditorial saisissant de R. Tréno : « Prière au grand saint Charles ». Ce texte, moitié litanie, moitié satire, illustre à la perfection la posture du journal face au retour au pouvoir de Charles de Gaulle.
À la veille du référendum qui doit ratifier la Constitution de la Ve République, le Canard joue les vigiles démocratiques. Sous couvert de piété, Tréno s’adresse à « saint Charles de Colombey », décrit comme « le dieu qui fait la pluie et le votant », à qui la nation s’est vouée par un « acte de foi tricolore ». Mais il ne s’agit pas de rendre grâce : c’est un procès en attente.
Jamais chef d’État français n’avait concentré autant de pouvoirs. Tréno rappelle que même Louis XIV « affligé d’une fistule », même Napoléon, même les présidents chahutés de la IVe République n’avaient disposé de telles prérogatives. Résultat : de Gaulle est prévenu. Qu’il mette fin à la guerre d’Algérie, qu’il affronte les puissants – « M. Dassault-Tout-en-Or », « M. Shell », « le plus grand des Lazard » – qu’il loge les pauvres et rivalise avec l’abbé Pierre, ou bien il apparaîtra comme le « plus grand mystificateur de l’Histoire ».
La force de ce texte réside dans ses listes ironiques. Derrière le catalogue de promesses – justice fiscale, logements, écoles, hôpitaux – se cache un rappel brutal : tout est possible, mais tout reste à faire. La « prière » se conclut sur une menace à peine voilée :
« Puissant saint Charles, ou vous vous y collez, ou vous êtes le plus grand mystificateur. »
Le rendez-vous est fixé « pour la Saint-Charlemagne » en janvier 1959. Comme toujours, Le Canard ne se contente pas d’observer : il annonce qu’il comptera les points.





