N° 228 du Canard Enchaîné – 10 Novembre 1920
N° 228 du Canard Enchaîné – 10 Novembre 1920
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Le Canard enchaîne ses piques de mémoire
Panthéon ou Arc de Triomphe, faveurs de Millerand, réputation de Clemenceau : la satire s’empare de la commémoration.
10 novembre 1920 : à la veille des cérémonies du Soldat inconnu, Le Canard enchaîné multiplie les coups de bec. Entre rivalités de presse autour du Panthéon ou de l’Arc de Triomphe, largesses présidentielles de Millerand, querelles autour du nom de Clemenceau, et échos mondains avec le chanteur Chaliapine, la satire s’invite au cœur de l’actualité nationale.
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Le numéro du Canard enchaîné du 10 novembre 1920 est une véritable photographie satirique d’un moment charnière de la mémoire française. Nous sommes à la veille du 11 novembre, date qui doit consacrer la cérémonie du Soldat inconnu, symbole de tous les disparus de la Grande Guerre. Mais là où la solennité voudrait s’imposer, le journal débusque rivalités de presse, opportunismes politiques et contradictions d’un pouvoir prompt aux gestes spectaculaires.
Dans La Marche du Héros, le Canard raille d’abord la concurrence féroce entre deux grands quotidiens, Le Journal et Le Matin, qui se disputent le prestige de « porter » le corps du Soldat inconnu. Panthéon ou Arc de Triomphe ? Derrière le débat se lit une lutte d’influence médiatique autant que symbolique. Le Canard souligne ironiquement que cette querelle détourne l’attention du sens profond de la cérémonie : l’hommage national risquait de devenir une foire publicitaire, chacun suggérant un détour du cortège vers « son » lieu emblématique, du Sacré-Cœur de Montmartre au Bazar de l’Hôtel de Ville !
Le billet Mesures de grâce tourne en dérision l’autre geste fort du moment : le président Millerand profite du cinquantenaire de la République pour signer une série de grâces et d’amnisties. Mais, remarque acide du journal, les socialistes et syndicalistes, eux, restent à l’écart de cette magnanimité. En filigrane, Le Canard dénonce un pouvoir qui sait être clément pour les accapareurs et fraudeurs, mais demeure intraitable pour les militants ouvriers.
Dans On l’avait bien dit, la cible est le maréchal Foch et les polémiques qui entourent le nom de Clemenceau, absent des plaques commémoratives. Là encore, la satire se mêle à une inquiétude réelle : comment la République peut-elle honorer ses gloires militaires tout en semblant effacer la figure de celui que l’on appelait le « Père la Victoire » ?
Enfin, le billet Chaliapine à Londres joue la carte du décalage. Tandis que Paris commémore ses morts et s’écharpe sur les symboles, l’Europe continue de vibrer au rythme des concerts du grand chanteur russe, échappé des violences bolcheviques. Une manière subtile de rappeler que l’actualité n’est jamais univoque, et que le spectacle mondain peut coexister avec les tragédies de l’Histoire.
En somme, ce 10 novembre 1920, Le Canard enchaîné déploie tout son art : derrière la solennité des cérémonies, il dévoile les petits calculs, les oublis embarrassants et l’hypocrisie des grands gestes officiels. À la veille du 11 novembre, son humour mordant agit comme un contrepoint essentiel à la pompe républicaine.

      



