N° 2355 du Canard Enchaîné – 8 Décembre 1965

Élections sous cellophane

Six heures, par Morvan Lebesque

Dans « Six heures », Morvan Lebesque livre un récit tranchant de la soirée électorale du 5 décembre 1965, où tout semble joué d’avance, sauf l’imprévu. À coups de sarcasmes, de flash télé et de dialogues réels ou imaginés, il démonte le décor trop bien huilé d’une Cinquième République qui fait semblant de ne pas trembler. Tandis que le général est annoncé « en tête aux îles Wallis et Futuna », les résultats se bousculent dans une ambiance de variété télévisée, de silences compassés et de langue de bois. À minuit, « les capitans gaullistes daignent enfin parler », avec cette suffisance de ceux qui n’avaient pas prévu que de Gaulle tomberait sous la barre des 50 %. « La seule victoire, c’est celle de M. Pompidou », écrit Lebesque. Mais surtout celle d’un peuple qui n’a pas dit son dernier mot.

Chroniques de la Cour, d’André Ribaud – Avènement de Charles le Ballotté (pas de majorité absolue au 1er tour des présidentielle) — Horreur et confusion de cette épouvantable nuit du 5 (où il fut mis en ballottage) — Spectacle de l’accablement de la Cour — Clôture endeuillée des ministres — Silence effrayant du Roi (songe à se retirer) — Trait de génie de M. de Palewski (“96,5% des suffrages à Wallis-et-Futuna) — Soulagement de Bonneval (aide de camp et confident du Général, plus à ses côtés alors)