N° 2373 du Canard Enchaîné – 13 Avril 1966
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Cinéma: Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot, par Michel Duran – C’est un très, très bon film, réalisé avec beaucoup de tact et d’intelligence, sans provocations d’aucune sorte. Jacques Rivette a été fidèle à Diderot, il n’attaque en rien l’Église, ni la religion. Suzanne Simonin a la foi, mais elle n’a pas la vocation. Ses parents l’ont obligée à devenir religieuse. Après avoir une première fois refusé de prononcer ses vœux, elle a fini par succomber aux pressions. Mais je ne vous raconterai pas un livre universel que tout le monde connaît. Jacques Rivette a seulement donné une conclusion au roman qui ne finit pas. Mais elle est logique. Une religieuse qui révoquait ses vœux était une fille perdue.(…) L’action se passe en 1750. Le roman était une protestation contre les vocations religieuses imposées.(…) Jacques Rivette a traité le séjour de Suzanne Simonin au couvent d’Arpajon avec beaucoup de doigté, gommant çà et là, allant moins loin que Diderot, sachant que l’image est plus violente que les mots. (…) C’est un film qui fait honneur à la production française, au rayonnement de l’intelligence française à l’étranger, voilà pourquoi le gouvernement français l’a interdit, par le truchement d’un de ses laquais à la triste figure. Que ces messieurs de l’Élysée, de Matignon et de l’Archevêché prennent les Français pour des couillons, des enfants en bas âge incapables de voir un film pour adultes, ils ont raison. 55% ont voté pour l’esclavage et l’obscurantisme. (…) Mais de quel droit prive-t-on de ce film les étrangers qui sont peut-être moins bêtes que nous ?
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