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N° 243 du Canard Enchaîné – 23 Février 1921

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L’erreur de M. Raux

Le préfet de police de Paris, M. Raux, croyait émouvoir l’opinion en annonçant que dix-sept agents avaient été tués en trois ans dans l’exercice de leurs fonctions. Mais pour Roger Brindolphe, la vraie erreur est de s’arrêter à ce chiffre : combien de paisibles citoyens, de commerçants, de rentiers ou de vieilles demoiselles sont tombés victimes de la violence urbaine ? Dans un Paris hanté par les « apaches », le Canard du 23 février 1921 raille la statistique officielle et rappelle que la peur du crime, bien plus que les chiffres, empoisonne la vie quotidienne.

Chômeur, dessin de Bécan

Couac ! propose ses canards de 3 façons au choix

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Canard au naturel
Canard en chemise

Chaque numéro ou journal anniversaire, peut être inséré dans une pochette cadeau au choix, d’un très beau papier pur coton, comportant une illustration originale spécialement réalisée pour COUAC ! par Fabrice Erre ou Laurent Lolmede, ou pour les premiers lecteurs du Canard Enchainé par Lucien Laforge.

Cette pochette cadeau assure aussi une conservation optimale du journal : un papier au PH neutre limitant la dégradation des vieux journaux sur la durée.

Décliné en 4 pochettes originales (Gratuite)
Pochette offerte pour toutes éditions d’un prix supérieur à 59€
Visualiser les illustrations en cliquant sur le nom des auteurs

Canard laqué

Enchâssé entre deux feuilles d’acrylique (plexiglass extrudé*) il s’exposera aux regards sous son plus beau jour.

Les propriétés anti-UV de ce plexiglass de 2 mm lui assureront une conservation optimale limitant le jaunissement.

Le maintien entre les deux plaques, avec 8 petites pinces nickelées, supprime la vue des plis ainsi que leurs effets indésirables. Les marges autour du journal sont de 2 cm et sont ajustées au format de l’édition, qui a varié au fil des décennies.

*Transparence, légèreté, résistance aux chocs et aux UV

Cette présentation est déclinée en 2 options :

Plexi transparent (30€) servant de fond, plus discret mais élégant il permet aussi la vision de la dernière page du journal.
Plexi noir (35€) servant de fond, il met en valeur la teinte et le format du journal, s’harmonisant parfaitement avec les encres noires de la page.

Dans son article du 23 février 1921, Roger Brindolphe (alias Rodolphe Bringer) prend pour cible une déclaration du préfet de police de Paris, M. Raux, prononcée lors des obsèques d’un inspecteur de la Sûreté assassiné par un « apache » — terme alors courant pour désigner les jeunes voyous des quartiers populaires. Le préfet, dans un discours pathétique, rappelait que dix-sept agents avaient été tués en trois ans. Brindolphe, lui, tourne cette statistique en dérision : le chiffre, loin de paraître énorme, lui semble au contraire bien modeste.

L’article s’inscrit dans un contexte précis : au lendemain de la guerre, Paris est traversé par une véritable angoisse sécuritaire. La figure de l’« apache » hante les faits divers et la presse à grand tirage, tandis que l’opinion exige de la police une vigilance accrue. Or, en se bornant à compter ses propres pertes, M. Raux donne l’impression que les seules vies dignes d’être comptées sont celles des agents de la force publique. Brindolphe, avec son ironie coutumière, renverse la perspective : qu’en est-il des commerçants assassinés, des vieilles dames assommées, des rentiers dévalisés en rentrant chez eux ?

Le texte recourt à une rhétorique grinçante. Là où le préfet voyait dans dix-sept agents tués un drame national, Brindolphe y lit presque une preuve de l’efficacité de la police : « une ville où il n’y a que dix-sept agents tués en trois ans est une ville dont la police est bien mal faite ! » La formule, provocatrice, renverse le propos officiel et souligne la vacuité d’un discours statistique qui se contente de compter les morts parmi les policiers.

On retrouve ici un thème central du Canard enchaîné : la méfiance envers la parole des autorités et la dénonciation des chiffres brandis comme arguments d’autorité. En 1921, la France connaît une instabilité sociale, une reprise difficile après la guerre et une criminalité réelle mais aussi surexposée par la presse. Le préfet Raux incarne ce pouvoir administratif qui cherche à rassurer par des bilans chiffrés, tandis que Brindolphe rappelle que ces chiffres occultent la réalité quotidienne des violences subies par les anonymes.

Le style, enfin, joue un rôle essentiel. Sous la plume de Brindolphe, les images frappent : « un vieux monsieur assommé, une vieille demoiselle étrippée, un brave commerçant décerve­lé, un bijoutier assommé… » La répétition volontaire dramatise le propos et fait ressortir l’absurdité d’un bilan officiel réduit à dix-sept noms. C’est un humour noir, grinçant, qui traduit une vérité plus large : la police, loin de protéger pleinement les citoyens, se préoccupe surtout d’elle-même et de sa réputation.

Cet article, en apparence léger et sarcastique, participe en réalité d’une critique profonde du discours sécuritaire : les chiffres officiels ne disent pas la vérité de la rue, et le rôle du satiriste est de démonter ces illusions.