Quand la planète tourne à l’absurde

R. Tréno se lance dans un inventaire grinçant des contradictions de la géopolitique de 1969. Tout part de l’image rassurante – et fausse – d’un monde divisé entre le camp du « Bon » et celui du « Méchant ». Sauf qu’à y regarder de plus près, la partie se joue désormais à trois, chacun trouvant tôt ou tard une bonne raison de se liguer contre le troisième. Chine, URSS, États-Unis : les alliances sont aussi stables qu’un château de cartes sous la pluie.

On croise le Viêt-nam, où les Soviétiques armant le Vietcong s’apprêtent à discuter avec Nixon ; la Tchécoslovaquie, envahie hier par les pays du pacte de Varsovie, aujourd’hui défendue (du moins verbalement) contre l’« agression » ; et la France, prompte à s’ériger en championne de la paix… sauf quand il s’agit d’agiter ses propres armes.

Au milieu de cette « caserne universelle », le vieux slogan « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » semble remplacé par « Militaires de tous les pays, punissez-nous… ». Quant aux Français, ils sont priés de saluer la mise à flot du sous-marin nucléaire « Le Redoutable », pendant que l’économie prend l’eau. Une chronique où l’absurde le dispute à l’amer constat : dans ce monde-là, mieux vaut ne pas chercher à comprendre.