Bienvenue dans la « Constitution de l’An XI »

Sous le masque solennel du projet référendaire d’avril 1969, Le Canard dévoile avec gourmandise le véritable programme caché derrière le « oui » attendu par l’Élysée. Officiellement, il ne s’agit que d’un canevas… mais déjà baptisé « Constitution de l’An XI » (version néo-gaulliste). Inutile d’attendre un second vote : le décret présidentiel suffira pour mettre en route une série de réformes à l’odeur délicieusement impériale.

Au menu : des préfets rebaptisés « gouverneurs », à l’espagnole, trônant dans de nouveaux palais régionaux ; un Sénat relooké où les membres nommés côtoieront les élus ; un Conseil d’État « régionalisé » dont les avis passeront sous le filtre des C.D.R. locaux. Et, cerise sur le gâteau, un prix de l’essence modulé par région pour éviter que les habitants n’aillent faire le plein ailleurs – quitte à rétablir l’octroi.

Les régions pauvres, elles, pourront lever un impôt sur le sel ou la « gabelle ». Quant aux devises, elles se déclineront désormais en deux versions : une pour la Nation, une pour chaque région. La nationale : « Suivez le général, c’est le plus fort de la région »… et la régionale : « La région du plus fort est toujours la meilleure ». Tout un programme.