Lettre d’Irlande, par André Ribaud

Sous la plume d’André Ribaud et le trait de Moisan, la « Lettre d’Irlande » remplace exceptionnellement la chronique de « La Cour », en attendant sa mue en « La Régence ». Depuis les horizons tristes et brumeux de Parknasilla, un « vacancier » contemple les nouvelles de France avec un mélange de distance et de malice. Entre deux descriptions de plages mélancoliques, il savoure les gros titres annonçant la candidature de Pompidou, et raconte, non sans ironie, comment même à l’étranger, Yvonne, Michel et les « histoires d’intendance » rattrapent le voyageur. Conversations de chevet, batailles navales improvisées, suppression des saints du calendrier : tout devient prétexte à railler les ambitions et les petites manies des protagonistes de la vie politique française. L’Irlande sert de décor pittoresque aux échos de la campagne présidentielle, où se mêlent répliques caustiques, jeux de mots sur l’« I’Eire » et apartés sur la « petite retraite des cadres ». Une chronique légère, faussement désinvolte, qui continue d’aiguiser le regard sur le théâtre parisien, même depuis les côtes atlantiques battues par le vent.