L’Espagne, nouveau terrain de jeu de l’Opus Dei

Quand la succession du franquisme se joue dans les couloirs des banques et des universités

Madrid, novembre 1969 : dans une capitale en chantier, entre grisaille automnale et guerre de succession post-franquiste, un acteur discret tire déjà les ficelles — l’Opus Dei. Michel Leroy, envoyé spécial, raconte comment cette « prélature » a méthodiquement investi les postes-clés, des ministères aux entreprises, et s’est taillé un empire économique et intellectuel. Banques, universités, médias, sièges dans les conseils d’administration : l’Opus transforme l’Espagne en véritable marché captif.

Sous couvert de modernisation, l’organisation place ses hommes aux commandes, relègue la vieille garde phalangiste et se positionne comme garant d’une transition ordonnée… mais fermement verrouillée. Le réseau mêle rigueur catholique, flair des affaires et pragmatisme politique, tout en cultivant ses appuis à Rome et au Vatican.

Entre influence doctrinale et puissance financière, l’Opus Dei prépare l’après-Franco à sa manière, laissant planer la question : Espagne moderne ou État sous tutelle d’une élite religieuse ?