Le Canard Enfoccarté

Foccart au tribunal : le « Canard » ne se laisse pas plumer

Quand Jacques Foccart, figure de l’ombre gaulliste et secrétaire général aux affaires africaines, attaque le Canard, il pensait régler l’affaire comme on range un dossier gênant. Mauvais calcul : à la 1ʳᵉ Chambre, Roland Dumas et J.-P. Le Mée ferraillent, le volatile sort ses griffes et les audiences deviennent un spectacle. Au cœur du débat : 120 000 francs de dommages-intérêts réclamés par Foccart, qui accuse le journal d’avoir nui à sa réputation… de “particulier”. Le Canard rappelle qu’il ne s’est jamais intéressé qu’au Foccart “public” – et qu’en République, critiquer les figures publiques, c’est un droit.

Entre piques sur les “superministres” trop chatouilleux, souvenirs de figures politiques d’antan moins procédurières, et évocations de l’affaire Ben Barka ou de mystérieuses affaires africaines, les plumes du Canard s’en donnent à cœur joie. Dans la salle, on parle autant de “tabou” que de “commerce” ; Dumas s’amuse à qualifier Foccart de “commerçant avisé”, tandis que Le Mée questionne un mystérieux calcul à 12 millions d’anciens francs.

Un compte rendu savoureux où les piques juridiques croisent les bons mots, et où, derrière la satire, transparaît une leçon : attaquer le Canard en justice, c’est surtout lui offrir une tribune.