Publié le 15 juillet 1970, « Environnés, mes frères… » est le dernier article que Morvan Lebesque avait laissé au Canard. Étiqueté de sa main « 2ᵉ article à publier », il prolonge son ton combatif et lucide, ici appliqué à un thème alors émergent : l’environnement. Derrière l’ironie mordante sur le mot « à la mode », Lebesque dénonce la destruction méthodique des paysages et la soumission de la nature aux intérêts économiques et technocratiques.
Il pourfend la logique centralisatrice qui sacrifie rivières, forêts et bocages à coups de « promoteurs », de « technocrates du génie rural » et de législations pensées loin du terrain. L’écologie, telle qu’il l’entend, n’est pas qu’affaire de paysages : c’est une question humaine, existentielle, qui engage le droit de l’homme à vivre dans un cadre digne. Avec un humour noir assumé, il imagine un pays où, au nom de la modernité, on abat les arbres… pour ensuite en replanter au bord des autoroutes.
Visionnaire, il élargit le propos : pollution visuelle et sonore, urbanisation anarchique, standardisation du cadre de vie sont pour lui les symptômes d’un système qui écrase l’humain. Sa conclusion est sans appel : nous ne sortirons du piège écologique et social qu’en « démolissant » ce qui l’alimente. Ce texte, publié après sa mort, résonne comme un ultime avertissement — et un testament journalistique.