N° 2714 du Canard Enchaîné – 1 Novembre 1972
N° 2714 du Canard Enchaîné – 1 Novembre 1972
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Du béton bretonnant
Un littoral qui a la cote
À peine avaient-ils fini de bétonner la Côte d’Azur que les promoteurs lorgnent déjà la Bretagne. Ports de plaisance, zones touristiques, golfs et lotissements s’installent à coups de dérogations, d’autorisations complaisantes et de copinages bien placés. Le Canard dénonce, avec verve, la mise en coupe réglée d’un littoral jusqu’ici préservé, où même les korrigans semblent impuissants face au béton.
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Du béton bretonnant
La Bretagne livrée aux bétonneurs
L’article publié le 1er novembre 1972 déploie une mécanique bien connue du Canard enchaîné : l’art de pointer les collusions locales et nationales derrière ce qu’on présente comme de simples projets d’aménagement. Ici, il s’agit du littoral breton, jusqu’alors relativement préservé des grandes opérations touristiques qui avaient déjà transformé la Côte d’Azur et le Languedoc-Roussillon. Mais en ce début des années 1970, la « conquête » de la Bretagne est lancée, et le journal s’alarme d’un saccage en règle.
Au cœur de l’affaire, on retrouve le maire de Quiberon, Victor Golvan, multipliant les mandats et les casquettes : sénateur, maire, vice-président de divers syndicats, président de commissions… et soutien actif des projets d’urbanisation. Le texte ironise sur sa capacité à se démultiplier, à tel point qu’il semble « surmené », mais toujours présent quand il s’agit de faire avancer un projet de bétonnage du littoral. Les exemples donnés sont parlants : promenades transformées en zones constructibles, terrains de golf et de thalassothérapie, port de plaisance… Chaque fois, des dérogations ou passe-droits permettent aux promoteurs d’avancer.
Le Canard souligne le rôle central des sociétés d’économie mixte, comme la SATMOR, chargées d’« aménager » le territoire en combinant fonds publics et intérêts privés. Un outil idéal pour contourner les oppositions locales ou les réserves administratives. La chronique ne manque pas non plus d’épingler certains noms prestigieux associés à ces opérations, tel l’ancien champion cycliste Louison Bobet, devenu promoteur de thalasso à Quiberon, présenté comme l’incarnation d’un tourisme clinquant au détriment des équilibres écologiques.
En filigrane, l’article met en lumière une double menace : celle de la bétonisation anarchique qui grignote le littoral, et celle d’une démocratie locale affaiblie, où les décisions sont captées par quelques notables cumulards, au service d’intérêts économiques plus larges. Avec son humour habituel, le Canard réussit à transformer ce dossier technique en satire mordante de la République des copains et des bétonneurs.