N° 2715 du Canard Enchaîné – 8 Novembre 1972
N° 2715 du Canard Enchaîné – 8 Novembre 1972
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Ouf ! On échappe encore à la paix
Le Canard raille les illusions diplomatiques
Alors qu’on croyait la signature de la paix au Vietnam imminente, l’événement se dérobe une fois encore. Nixon, Kissinger, Moscou, Pékin… les annonces s’enchaînent mais les canons continuent de tonner. Avec son ironie mordante, Gabriel Macé démonte le décalage entre les discours de désarmement et la réalité d’une guerre qui s’intensifie, ravitaillée en armes par toutes les grandes puissances.
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Ouf ! On échappe encore à la paix
L’art de tourner en dérision la diplomatie de façade
Dans son édition du 8 novembre 1972, Le Canard enchaîné choisit de placer en une un article de Gabriel Macé qui illustre à merveille la manière dont le journal satirique traite les grands dossiers internationaux. Le Vietnam est au cœur de toutes les déclarations diplomatiques de l’époque : Washington annonce que Nixon « rencontrera M. Le Duc Tho », Moscou proclame la signature d’un traité sur la limitation des armes nucléaires, Pékin se dit prête à discuter… et pourtant, sur le terrain, les bombardements et les offensives se poursuivent.
Macé prend à revers cette avalanche de déclarations optimistes en signant un texte au titre provocateur : « Ouf ! On échappe encore à la paix ». Derrière cette formule grinçante se lit une critique acerbe du cynisme ambiant : la paix est brandie comme un horizon toujours remis à plus tard, tandis que la guerre nourrit un gigantesque marché de l’armement. L’auteur souligne par exemple que le Vietnam du Nord bénéficie alors d’un soutien massif de la Chine et de l’URSS en chars et mitrailleuses, pendant que les cargos américains déversent chaque jour de nouvelles cargaisons. Dans ce contexte, toute annonce de trêve n’est qu’un leurre.
La chronique met également en lumière le théâtre des conférences internationales sur le désarmement. L’ONU veut convoquer une nouvelle conférence mondiale, les États-Unis et l’URSS affichent des engagements solennels… mais les réalités techniques et politiques montrent que rien n’aboutira. Macé épingle notamment la France, qui continue de jouer un rôle ambigu, et raille Dassault, accusé de céder aux pressions pour mieux préserver ses intérêts.
Au-delà du Vietnam, c’est donc un portrait du monde tel qu’il va que propose Le Canard : une planète où les grandes puissances parlent de paix tout en alimentant sans relâche l’économie de guerre. D’où cette chute ironique : « Nous pouvons vaquer, tranquilles, à nos affaires » — manière de souligner que, malgré les beaux discours, la guerre reste un business aussi florissant qu’intouchable.