N° 2717 du Canard Enchaîné – 22 Novembre 1972
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Le bourgeon de Calais
Quand la dynastie Debré pousse de nouvelles branches
À seulement 28 ans, Jean-Louis Debré, fils de Michel Debré, fait son entrée en politique en briguant le siège de Calais laissé vacant par Jacques Vendroux, beau-frère du général de Gaulle. Jean Garchoy s’amuse de cette transmission familiale, dénonçant une politique qui ressemble plus à une affaire de lignées qu’à un débat démocratique. Derrière l’ironie, une critique acide de l’héritage gaulliste et des « dynasties » en construction.
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Le bourgeon de Calais
Les Debré ou l’art de cultiver la politique en famille
Avec cet article du 22 novembre 1972, Jean Garchoy croque avec ironie l’entrée en politique de Jean-Louis Debré. Âgé de 28 ans, le fils de Michel Debré s’installe à Calais comme on plante un rejeton dans un champ soigneusement préparé. Le Canard souligne d’emblée la dimension dynastique de cette candidature : après Sosthène, le fils du grand Charles, voici Jean-Louis, propulsé par le nom paternel et par le réseau gaulliste.
Le contexte n’est pas anodin. Le siège laissé vacant par Jacques Vendroux – beau-frère du général de Gaulle – devient le tremplin idéal pour un héritier politique. Michel Debré, ancien Premier ministre et figure tutélaire de la Ve République, se pose ainsi en passeur d’héritage, offrant à son fils un ancrage électoral prestigieux. L’article souligne, non sans sarcasme, que là où Debré père dut jadis se battre à la Réunion pour se faire élire, le fils s’installe directement « en métropole », bénéficiant d’une investiture U.D.R. quasi automatique.
Le Canard s’amuse aussi des contradictions. La famille Debré revendique l’héritage moral du gaullisme, mais pratique sans complexe les recettes de la politique de notables : transmission, réseaux, et favoritisme partisan. Garchoy glisse une pique mordante : ce n’est plus seulement de la politique, mais une affaire de « famille » au sens propre. En filigrane, l’article questionne le rapport entre légitimité démocratique et dynastie : qu’apporte Jean-Louis Debré, sinon son patronyme ?
Le commentaire prend toute sa force dans sa chute ironique : « C’est le progrès, mais vous direz ce que vous voulez, y a plus de respect… » Une formule qui résume la tonalité caustique du Canard, oscillant entre constat amer et humour moqueur.
Avec ce portrait satirique, le journal montre combien la Ve République, qu’on prétendait bâtie sur l’autorité du suffrage universel, voit poindre à grande vitesse ses « familles régnantes ». Les Debré n’en sont qu’un exemple, mais symptomatique d’un système où le nom pèse parfois plus lourd que les idées.