N° 2799 du Canard Enchaîné – 19 Juin 1974
N° 2799 du Canard Enchaîné – 19 Juin 1974
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Ce mystérieux « hebdomadaire satirique paraissant le mercredi »
L’innommable Canard
Pourquoi donc tant de confrères de la « presse sérieuse » se refusent-ils à citer Le Canard enchaîné par son nom, préférant l’appeler « un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi » ? Yvan Audouard s’amuse de cette discrétion gênée, rappelant que le Canard, lui, ne rechigne pas à nommer France-Dimanche, Le Monde ou Le Parisien libéré. La satire se double d’une pique malicieuse : à force de feindre l’ignorance, certains risquent d’offenser ce journal « innommable mais fier », dont l’audience se porte fort bien sans leurs égards. Audouard conclut en revendiquant son appartenance à ce fantôme médiatique trop encombrant pour être nommé.
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Ce mystérieux "hebdomadaire satirique paraissant le mercredi"
Yvan Audouard ironise sur l'habitude de certains confrères de la "presse sérieuse" d'user d'une périphrase plutôt que de citer Le Canard enchaîné, lorsqu'ils doivent reprendre ses révélations : "L'énigme reste à peu près entière. Cela fait plusieurs années, en effet, que nous voyons les médias faire allusion à un journal satirique paraissant le mercredi. Un journal fameux mais quasiment fantomatique [...] Cela est troublant. Le Canard enchaîné, en effet, n'hésite pas à appeler France-Dimanche France-Dimanche, même s'il paraît le lundi, et Le Monde Le Monde, même s'il paraît tous les jours. Il lui arrive même de citer Le Parisien libéré, encore qu'il ne voie pas de quoi M. Amaury a libéré les Parisiens. Il ne saurait donc s'agir en aucune manière d'une mesure de rétorsion. Le Canard cite ses confrères. Tous ses confrères. Il leur donne parfois même la noix d'honneur (ce qui est une décoration très recherchée). On ne voit donc pas pourquoi certains d'entre eux hésitent à l'appeler par son nom [...] Il convient, en effet, de préciser que cette clandestinité relative ne nous offusque pas le moins du monde et ne contrarie pas notre audience. Mais elle risquerait, à la longue, de nous faire de la peine. De semer le doute en notre âme. Personne n'a lu dans Le Canard des phrases du genre :
- ce journal qui, au nom de la liberté, en réclame la limitation. Nous avons toujours dit qu'il s'appelait Minute
- ce journaliste, qui n'écrit pas plus mal qu'un autre, mais qui prend toujours le parti de la connerie... Moi, j'aurais dit le nom. Et ce n'aurait pas été forcément celui de Michel Droit. Dans ce domaine aussi, il y a de la concurrence.
En tout cas je continuerai, sans savoir si c'est vraiment celui auquel les silencieux font allusion, à être fier de collaborer à un hebdomadaire innommable, mais satirique et paraissant le mercredi".
Yvan Audouard (1914 - 2004), normalien, fut, tour à tour, écrivain provençal, humoriste, conteur, dialoguiste. Il entame sa carrière de journaliste à Franc-Tireur en 1944 (souvent sous le pseudonyme de François Fontvieille) et entre au Canard en 1949, où il travaille, avec quelques interruptions, pendant près d'un demi-siècle. Il y tiendra notamment les rubriques théâtrale et littéraire, la chronique de critique de télévision La Boîte à images ainsi que la chronique de contrepèteries Sur l'Album de la Comtesse.
S.P.
DE L'EPECTASE AVANT TOUTE CHOSE (réponse à nos bons pères) - par Gabriel Macé
Ce texte offre un tableau vivant des tensions entre l'épiscopat français et le journal satirique Le Canard enchaîné, agrémenté de quelques piques humoristiques. Lorsque l'épiscopat affirme que "le silence est moins facile à rompre que le pain", c'est une manière humoristique de souligner la complexité de la situation. De même, lorsque Le Canard enchaîné réplique en affirmant que leur texte a mis les lecteurs "dans un état plus proche de l'extase que de l'épectase", c'est une touche d'ironie subtile sur le style elliptique du communiqué de l'épiscopat. La réplique du Canard enchaîné met également en lumière l'ironie de la situation lorsque le journal souligne que le cardinal Daniélou était "un homme public, un peu trop public même, pour certains d'entre vous". C'est une manière humoristique de critiquer le désir de l'épiscopat de contrôler la narration entourant la mort du cardinal, malgré sa notoriété publique. Enfin, la conclusion du texte avec la référence au Tartuffe de Planchon, qui "va faire un boum", ajoute une note amusante en soulignant l'ironie de la situation où la pièce de théâtre sur l'hypocrisie religieuse résonne avec les événements en cours.