N° 2809 du Canard Enchaîné – 28 Août 1974
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Le tube de Giscard à la télé : l’important c’est la pause
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CRISE, KRACH, BOUM !
Une rentrée sous le signe du désastre
Publié le 28 août 1974, l’article de Pierre Detif capte parfaitement l’angoisse qui traverse l’Occident à la fin de l’été. Alors que les vacanciers regagnent leurs pénates, ils retrouvent un climat économique plombé : Wall Street atteint un plancher historique, l’industrie stagne, et les prévisions de chômage explosent. Le gouvernement français tente de rassurer, mais le ton général est à la panique. Detif, avec sa plume incisive, dénonce ce décalage entre les discours officiels et la réalité sociale qui s’annonce rude.
L’énergie, talon d’Achille des puissances
Au cœur de la crise, la dépendance énergétique est centrale. Le quadruplement du prix du pétrole, couplé à l’épuisement des gisements de charbon, asphyxie les économies occidentales. L’Allemagne, jusque-là prospère, commence à faiblir ; l’Italie est en pleine tourmente ; la France, lourdement touchée par sa dépendance, tente de masquer la gravité de la situation. Les États-Unis, quant à eux, profitent encore de leurs réserves et de leur poids diplomatique, mais ne sont pas à l’abri. L’article met en évidence une vérité structurelle : l’Occident, jadis maître de son énergie, doit désormais composer avec les producteurs de l’OPEP.
Banques et BTP, symboles d’un système fragile
Detif souligne également les signaux inquiétants venus de la finance et de l’immobilier. Une grande banque allemande chancelle, des groupes immobiliers britanniques croulent sous les dettes, et les faillites s’enchaînent. Ce tableau illustre la fragilité d’un capitalisme basé sur la spéculation et l’endettement, incapable de résister aux secousses énergétiques. L’Europe découvre alors sa vulnérabilité : la prospérité d’après-guerre n’était qu’un château de cartes.
L’humour comme arme face au cataclysme
Comme souvent dans Le Canard, l’ironie sert de contrepoint au désespoir ambiant. Detif évoque les “grosses têtes” incapables de prévoir quoi que ce soit et conclut son article par un ironique “Heureux Occident !”, qui sonne comme un constat d’impuissance collective. En creux, il met en lumière l’échec d’une économie occidentale qui, malgré sa puissance industrielle et financière, n’a pas su anticiper ni s’adapter à un monde en mutation.
Une chronique toujours actuelle
Relu aujourd’hui, ce texte résonne étrangement. Inflation, crise énergétique, vulnérabilité bancaire : les thèmes de 1974 n’ont rien perdu de leur actualité. À travers son ironie mordante, Detif nous rappelle que les cycles économiques se répètent, et que les certitudes des puissants sont souvent les illusions des peuples.