N° 2827 du Canard Enchaîné – 1 Janvier 1975
N° 2827 du Canard Enchaîné – 1 Janvier 1975
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Château facho Camelot Chirac
Chirac, l’arriviste de l’année
En ce tout début d’année 1975, Le Canard enchaîné décerne son « ruban bleu » à un homme qui a marqué 1974 par son énergie et son ambition dévorante : Jacques Chirac. Dans un portrait au vitriol, André Ribaud le surnomme tour à tour « Château-Chirac », « Facho-Chirac » et « Camelot-Chirac ». De la liquidation de Marcellin à ses accointances au sein de l’U.D.R., en passant par ses voyages d’affaires au Moyen-Orient, Ribaud dépeint un Chirac pressé, opportuniste, prêt à tout pour se hisser au sommet. Un texte qui annonce déjà les batailles politiques à venir.
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Château facho Camelot Chirac
Le ruban bleu d’un ambitieux sans frein
L’article d’André Ribaud, publié le 1er janvier 1975, dresse un portrait acéré de Jacques Chirac, fraîchement auréolé de la Grand-Croix de l’Ordre du Mérite et propulsé figure incontournable de l’U.D.R. Dans ce billet, le journaliste ironise sur la frénésie d’ascension d’un homme dont 1974 a consacré l’irrésistible montée. Ribaud lui attribue des sobriquets qui résument à eux seuls sa stratégie : « Château-Chirac » pour l’homme qui s’installe solidement dans les arcanes du pouvoir, « Facho-Chirac » pour sa mainmise musclée sur l’appareil partisan, et « Camelot-Chirac » pour ses talents de marchand d’illusions, notamment au Moyen-Orient.
À travers ce portrait, le Canard souligne combien Chirac s’impose déjà comme l’homme fort du giscardisme naissant. L’année précédente a été marquée par la mort de Pompidou, l’élection de Giscard d’Estaing et la recomposition du paysage politique. Dans ce contexte, Chirac a su saisir chaque opportunité : liquidant sans états d’âme l’héritage encombrant de Marcellin, devenant l’homme de confiance du nouveau président, et surtout s’imposant comme Premier ministre en quelques mois à peine. Pour Ribaud, il s’agit moins d’un destin que d’une tactique : savoir plaire aux vainqueurs, flatter quand il le faut, imposer son autorité quand c’est nécessaire.
Le texte raille aussi le « Chirac international », multipliant les voyages pour décrocher des contrats, parfois qualifiés de « bidons ». Ribaud évoque avec humour un Chirac devenu tour à tour « Chirane en Irak » ou « Chirastignac en France », soulignant à la fois ses appétits et son opportunisme. Cette frénésie, comparée à une course effrénée « à 150 à l’heure », illustre le portrait d’un homme insatiable, dont l’ambition ignore les limitations de vitesse politique.
Mais derrière la caricature, se dessine une véritable inquiétude : quel avenir pour un parti dominé par un tel tempérament ? Ribaud pose la question de 1975 : Chirac cherchera-t-il à phagocyter Poniatowski, autre prétendant à la succession giscardienne ? La rivalité est annoncée, et la bagarre promet d’être « magnifique ». À plus long terme, Ribaud insinue même que Giscard lui-même pourrait un jour trouver Chirac installé dans son lit de l’Élysée, l’invitant à aller « coucher ailleurs ». Une prophétie ironique mais déjà prémonitoire de la carrière future de celui qui deviendra président en 1995.
En somme, cet article du Canard illustre l’art de croquer un homme politique en pleine ascension, en condensant ses ambitions, ses excès et ses contradictions dans quelques images mordantes. Jacques Chirac y apparaît comme le symbole de la nouvelle génération politique : pragmatique, cynique, prêt à tout pour gravir les échelons. Et pour Ribaud, ce « ruban bleu » décerné au plus ambitieux de l’année sonne moins comme un hommage que comme un avertissement.